Liste des examens dentaires et des traitements sur lesquels on devrait s’interroger

Choisir avec soin

Choisir avec soin Canada agit comme le porte-parole national pour la réduction des examens et des traitements inutiles au pays.

Les examens et traitements inutiles exposent la patientèle à des risques possibles, consomment de précieuses ressources de soins de santé et contribuent à la crise climatique.

La campagne Choisir avec soin identifie et élabore des recommandations sur les tests et les traitements fréquemment surutilisés qui n’ajoutent pas de valeur aux soins des patients. Choisir avec soin mobilise les prestataires de soins de santé et leurs organisations pour adopter des recommandations et les intégrer à leur pratique clinique courante.

En 2018, Choisir avec soin Canada s’est associé avec l’Association canadienne des dentistes en milieu hospitalier (ACDH) pour dresser une liste fondée sur des données probantes de huit examens et traitements sur lesquels s’interroger en médecine dentaire. Depuis 2025, l’ADC est responsable de la tenue à jour de la liste, qui continuera d’être hébergée sur le site Web de Choisir avec soin Canada.

Médecine dentaire : Les huit examens et traitements sur lesquels on devrait s’interroger

  1. N’utilisez pas d’opioïdes pour soulager les douleurs dentaires postopératoires sans avoir d’abord optimisé la dose d’analgésiques non opioïdes.

    Pour la douleur dentaire postopératoire, il faut optimiser la dose et la fréquence des analgésiques non opioïdes (ibuprofène, acétaminophène ou les deux). Si cela ne suffit pas pour soulager la douleur, on peut envisager le recours à un opioïde. Si un analgésique opioïde est approprié, limiter si possible le nombre de comprimés servis et expliquer l’utilisation et la mise au rebut correctes de ce type d’agents. Servir les ordonnances au jour le jour et opter pour une prescription différée sont des stratégies utiles pour une utilisation appropriée des opioïdes.

  2. Ne prescrivez pas d’antibiotiques pour un mal de dents ou un abcès dentaire localisé.

    La pulpite irréversible ou l’odontalgie survient lorsque les tissus mous et les nerfs de la dent (la pulpe dentaire) sont endommagés par une carie, un traumatisme ou une grosse obturation. C’est l’inflammation de la pulpe et des tissus entourant la racine qui cause l’intense douleur, et non une infection. Par conséquent, les antibiotiques ne soulageront pas la douleur, et leur utilisation est déconseillée. Pour traiter cette affection, il faut enlever la pulpe dentaire endommagée ou malade, soit en effectuant un traitement de canal ou en extrayant la dent. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont le meilleur moyen de soulager une douleur dentaire inflammatoire.

    L’abcès dentaire aigu est une infection localisée, qui survient lorsqu’une infection de la pulpe dentaire n’est pas traitée. Le traitement de canal ou l’extraction de la dent, avec drainage de l’abcès, sont nécessaires pour éliminer les tissus infectés. Les antibiotiques ne procurent aucun avantage supplémentaire. En cas de complications systémiques (p. ex., fièvre, atteinte des ganglions lymphatiques ou propagation de l’infection) ou si le patient est immunodéprimé, on peut prescrire des antibiotiques en plus de drainer l’abcès. Quand on a recours aux antibiotiques, il faut envisager des stratégies telles que la prescription différée ou abrégée, avec réévaluation pour réduire le risque de résistance aux antibiotiques.

  3. N’administrez pas d’antibioprophylaxie avant une intervention dentaire chez les patients porteurs de prothèses articulaires ou cardiaques non valvulaires et d’autres dispositifs implantables.

    Les infections des implants orthopédiques sont peu fréquentes, et elles sont rarement causées par des bactéries présentes dans la bouche. Même si des interventions dentaires, comme les extractions, peuvent provoquer des bactériémies transitoires, la plupart des bactériémies d’origine buccale sont dues à des activités de la vie quotidienne, dont le brossage des dents, le passage de la soie dentaire et la mastication. Rien ne prouve que l’administration d’antibiotiques avant une intervention dentaire prévienne les infections des prothèses articulaires. Les patients ne devraient pas être exposés aux effets indésirables des antibiotiques alors qu’il n’existe aucune preuve que ces derniers sont bénéfiques.

    Il n’existe pas de preuve convaincante que les bactéries buccales libérées lors d’une intervention dentaire peuvent causer une infection des dispositifs suivants : stimulateur cardiaque, défibrillateur interne, dérivation ventriculocardiaque ou ventriculopéritonéal, dispositif d’occlusion pour la persistance du canal artériel, dispositif de fermeture pour la communication interauriculaire et interventriculaire, endoprothèse vasculaire périphérique, greffon vasculaire, shunt pour hémodialyse; endoprothèse coronaire, patch parotidien en Dacron et cathéter veineux central à demeure.

  4. Ne prescrivez pas de radiographies dentaires ou d’autres épreuves d’imagerie diagnostique si elles ne sont pas indiquées.

    Les radiographies dentaires et autres modalités d’imagerie sont des outils indispensables pour diagnostiquer et suivre l’évolution des troubles bucco-faciaux et des maladies dentaires. La décision de prescrire une épreuve d’imagerie est prise au cas par cas, en fonction des antécédents médicaux et dentaires, des signes cliniques et de l’évaluation des risques; il ne faut pas les prescrire d’emblée.

  5. Ne remplacez pas les obturations encore fonctionnelles.

    Les restaurations dentaires (obturations) s’abîment en raison d’une usure excessive, de fractures du matériau ou de la dent, de caries récurrentes ou d’une perte de rétention. Le fraisage pour enlever et remplacer les obturations peut affaiblir les dents et en réduire la durée de vie. Il faut réparer les petits défauts, mais l’âge d’une obturation ne devrait jamais servir de critère de remplacement.

    Les amalgames dentaires sont des produits dentaires sûrs, abordables et efficaces. Leur remplacement, si la restauration est par ailleurs saine ou réparable, est inutile, coûteux et peut entraîner l’absorption de petites doses de mercure par la personne. De plus, on sait que l’installation d’obturations en résine composite augmente temporairement les taux urinaires de bisphénol A, une substance dont on ne connaît pas les effets sur la santé. Des données probantes de grande qualité semblent indiquer que les résines composites sont moins durables que les restaurations faites d’amalgames.

    Adopter une approche préventive de gestion des caries dentaires et mettre l’accent sur des restaurations conservatrices de longue durée lorsqu’elles sont réellement indiquées permettra de prodiguer des soins dentaires plus écoresponsables. Les produits dentaires ont des conséquences environnementales à chaque étape de leur durée de vie (fabrication, approvisionnement, utilisation clinique et élimination). C’est pourquoi l’emploi de digues en caoutchouc et de l’aspiration haut débit ainsi que la séparation obligatoire des résidus d’amalgames contribuent à la sécurité des personnes traitées et à la santé de la planète.

  6. Ne retardez pas ou ne reportez pas une intervention dentaire urgente ou essentielle à moins d’avis contraire de la santé publique.

    Les dentistes sont tenus de fournir des services en respectant les directives provinciales émises par la santé publique. Lorsque ces directives interdisent les visites non essentielles chez le dentiste, les soins urgents doivent néanmoins être prodigués pour soulager la douleur et traiter les infections. Il faut fournir les services dentaires essentiels pour éviter de causer du tort aux patients en retardant leurs soins, mais en veillant à protéger les patients et le personnel de la clinique. Les soins englobent la stabilisation provisoire du problème dentaire, la réduction des interventions générant des aérosols, et l’utilisation d’EPI et autres mesures de PCI conformément aux directives des instances et des régulateurs provinciaux de santé publique. Il faut établir des stratégies pour faire le suivi des patients dont les rendez-vous ont été annulés ou reportés.

  7. Ne tenez pas de consultation en personne si une consultation en mode virtuel permet de résoudre efficacement le problème de la personne traitée et qu’il s’agit d’un mode acceptable pour cette dernière, par exemple, lorsqu’il s’agit de transmettre verbalement les résultats négatifs d’une biopsie buccale, ou lorsque la fragilité ou la distance empêche la personne de se rendre à l’examen dentaire.

    Les soins virtuels réduisent l’exposition des patientes et patients vulnérables aux infections fortuites et permettent d’éviter des déplacements inutiles. Ils offrent un accès plus rapide aux soins, surtout en présence de facteurs défavorables comme la distance, le handicap ou la fragilité. Les soins virtuels présentent également un bienfait connexe pour la santé planétaire. Les déplacements de la patientèle, des prestataires de soins et du personnel pour les rendez-vous dentaires représentent le plus grand pourcentage des émissions de carbone totales des cliniques dentaires. On peut réduire ces déplacements en combinant les consultations pour les membres d’une même famille, en réduisant la fréquence des rendez-vous selon le risque individuel et en faisant appel aux soins virtuels au besoin.

  8. Ne prescrivez pas d’antibiotiques ni d’opioïdes sans effectuer un examen au préalable.

    La résistance aux antibiotiques a augmenté à cause de leur utilisation de plus en plus répandue au cours des ans. Il s’agit d’une menace importante pour la santé à l’échelle du globe. L’utilisation à mauvais escient des opioïdes est aussi devenue un grave problème depuis quelques années. Durant une phase de la pandémie où seuls les soins dentaires « essentiels » sont autorisés ou conseillés, il peut être nécessaire de prescrire des antibiotiques ou des analgésiques sans avoir examiné le patient en personne. Pour la gestion urgente d’une nouvelle infection ou douleur dentaire, si la situation n’est pas résolue après un premier cycle de traitement, il faut réexaminer le patient afin de fixer les prochaines étapes.

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