La langue fourchue nuit-elle à la prononciation ou à la motilité linguale?

Le 26 février 2004 — Ottawa — Bien sûr, ça donne la chair de poule, mais l’intervention visant à fourcher la langue comporte-elle des risques? Nuit-elle aux dents ou à la gencive, ou encore à la prononciation? Dans l’édition de ce mois-ci du JADC (Journal de l’Association dentaire canadienne), un rapport de cas examine les conséquences de se fourcher la langue à des fins cosmétiques.

Fourcher la langue est une intervention relativement rare parmi les «modifications corporelles» de plus en plus en vogue, comme le perçage, la scarification et le tatouage. «Ce que nous, en tant que société, apprenons à accepter comme normal change constamment», déclare le Dr Tim Bressmann, professeur adjoint au Département d’orthophonie de cycle supérieur et auteur de l’étude. «De mon point de vue, il était intéressant de voir ce que les effets secondaires de la langue fourchue pouvaient être en plus du changement d’apparence évident.»

Dans ce rapport de cas, le participant est un homme de 33 ans sans formation médicale officielle, qui se spécialise dans les modifications corporelles. Il s’est fourché lui-même la langue il y a 2 ans lors d’une rencontre entre amis. À l’aide d’un scalpel chirurgical, il s’est taillé la langue le long de la ligne médiane et cautérisé la blessure avec une bille d’acier chauffée au rouge. La cicatrisation s’est bien faite mais, selon lui, sa langue avait raccourci d’environ 7 mm. Malgré cela, un groupe d’orthophonistes expérimentés qui ont évalué des enregistrements de sa voix, ont conclu que sa clarté d’expression s’élevait à 99,25 % et son acceptabilité, à 96,25 %.

«La seule chose que certains orthophonistes ont remarqué était des distorsions légères des consonnes sifflantes s et z, déclare le Dr Breneman. Or, il reste un risque important d’infection ou de blessure. Fourcher la langue n’est pas quelque chose que je revendiquerais; cependant, la bonne nouvelle est que cette intervention ne semble pas nuire de façon permanente à l’habileté de parler et d’être compris.»

Votre dentiste n’appuyera vraisemblablement pas cette intervention non plus. «En tant que dentiste praticien, ce n’est pas mon rôle de juger, affirme le Dr Louis Dubé, président de l’Association dentaire canadienne. Mon intérêt repose sur le plan clinique. Fourcher la langue ne causera peut-être pas les mêmes dommages aux tissus que percer la langue, car aucun bijou n’est là pour heurter les dents et la gencive. Mais, avec toutes les bactéries qui se trouvent dans la bouche, le risque d’infection est bien réel. En plus, jouer du bistouri ou du fer rouge dans la bouche n’est jamais une bonne idée.»

L'article est affiché au complet sur le site Web du eJADC :

La langue fourchue nuit-elle à la prononciation ou à la motilité linguale?
http://www.cda-adc.ca/jadc/vol-70/issue-3/156.html ]


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