La protection des enfants devrait être la priorité du Sénat; Des groupes sur la santé réclament l’adoption du projet de loi C-32 avant un possible déclenchement des élections.

Le 10 septembre 2009 - Ottawa - Les principales organisations de santé du Canada pressent le Sénat de traiter en priorité l'adoption du projet de loi C-32 (Loi restreignant la commercialisation du tabac auprès des jeunes). Cette mesure législative empêcherait les fabricants de produits du tabac d'ajouter des saveurs de fruits et de bonbons et d'autres arômes dans les cigarettes et les cigarillos, et interdirait les publicités sur le tabac dans des publications pouvant être lues par des jeunes. Le projet de loi C-32 a été soumis à la Chambre des communes par la ministre de la Santé Leona Aglukkaq afin de respecter un engagement pris par le Premier ministre Stephen Harper.

« Les médecins canadiens exhortent les sénateurs à adopter le projet de loi C-32 sans attendre, a dit le Dr Anne Doig, présidente de l'Association médicale canadienne. La consommation de produits du tabac aromatisés monte en flèche, et représente une nouvelle menace considérable pour la santé des jeunes Canadiens. »

Depuis cinq ans, les compagnies productrices de tabac conçoivent des cigarillos aromatisés comme une nouvelle catégorie de produits du tabac, et exploitent les lacunes des lois fédérales afin de vendre ces produits sans respecter les mises en garde sur la santé, les conditions sur l'emballage minimal et d'autres exigences imposées aux cigarettes. Des sondages de Santé Canada indiquent qu'un Canadien sur trois dans les écoles secondaires (entre 15 et 19 ans) consomme ces produits, et que la vente de ces produits a augmenté de plus de 900 % en six ans.

Sally Brown, première dirigeante de la Fondation des maladies du cœur du Canada a expliqué que la vitesse à laquelle ces produits atteignent les jeunes alarme les responsables de la réglementation sur la santé, partout au Canada. « Nous pensions avoir réussi à protéger de nombreux enfants contre la cigarette, uniquement pour constater qu'ils sont victimes du marketing de ces nouveaux produits colorés. » Elle presse les sénateurs de traiter en priorité l'adoption du projet de loi C-32. « Chaque mois de retard dans l'adoption de cette mesure législative met en péril la santé des 200 000 enfants canadiens qui consomment ces produits. »

« Les sénateurs devraient tenir compte du fait que ces produits « gadgets » sont le début d'une vie entière de consommation de tabac, a dit Cynthia Callard, directrice exécutive de l'organisation Médecins pour un Canada sans fumée. Les arômes de bonbon, les emballages colorés, les bas prix et la fausse croyance selon laquelle ces produits ne sont pas aussi dangereux que la cigarette réussissent à inciter les jeunes à fumer. Pour nombre d'entre eux, cette expérience sera fatale. » Des chercheurs canadiens ont découvert que les symptômes de la dépendance au tabac sont constatés chez des jeunes après seulement quelques consommations.

« Fait non surprenant, l'industrie du tabac met tout en œuvre pour retarder ou empêcher l'adoption de cette mesure législative, et fait une campagne de désinformation classique », a dit Rob Cunningham, avocat et analyste principal des politiques à la Société canadienne du cancer. M. Cunningham, auteur d'un ouvrage sur l'histoire de l'industrie du tabac au Canada, rappelle que des compagnies de tabac ont menacé plusieurs fois de prendre des mesures de représailles si des lois plus sévères étaient imposées.

Il a expliqué que la campagne contre le projet de loi C-32 lancée par Philip Morris International à Washington, D.C., est une autre tactique couramment utilisée par ce fabricant pour empêcher des améliorations aux lois sur le tabac. « Une fois de plus, nous sommes témoins d'accords commerciaux tentant de semer la confusion et le doute quant à la responsabilité du gouvernement du Canada de protéger la santé des jeunes Canadiens dans l'espoir de retarder l'adoption de ce projet de loi. » Philip Morris a déjà tenté, sans succès, d'empêcher le Canada de faire des mises en garde illustrées et de mettre un terme à l'utilisation des appellations « légères » et « douces » sur les paquets de cigarettes.

« Philip Morris soutient que le projet de loi C-32 interdira le tabac Burley au Canada, violera des accords commerciaux et nuira aux agriculteurs des États-Unis, ce qui est totalement faux, ajoute M. Cunningham. Le fait que les importations américaines de tabac Burley au Canada sont négligeables - et, certaines années, si faibles qu'elles n'ont pas à être signalées - démontre que Philip Morris invente une préoccupation commerciale sans raison valable. Il n'y aucun enjeu commercial avec le tabac Burley des États-Unis. Aucun. »

« L'importance et l'urgence de cette question sont illustrées par la priorité qu'y accordent les plus hauts paliers de gouvernement et le vaste soutien du milieu de la santé », a expliqué Robert Walsh, directeur exécutif du Conseil canadien pour le contrôle du tabac. Au cours des deux années après que la mesure dans laquelle ces produits ciblent efficacement les jeunes Canadiens a été prouvée, plusieurs propositions législatives et réglementaires ont été formulées, notamment l'engagement électoral pris en 2008 par le Premier ministre Harper et des projets de loi d'initiative parlementaire du Parti libéral et du NPD, aux paliers provincial et fédéral. Le projet de loi C-32 a reçu un appui unanime à la Chambre des communes.

« Nous demandons aux sénateurs canadiens de respecter la volonté pressante de leurs collègues et des communautés partout au pays de voir cette mesure législative avoir force de loi dès que possible », a souligné Melodie Tilson, directrice des politiques de l'Association pour les droits des non-fumeurs.

La Coalition canadienne pour l'action sur le tabac, est une coalition nationale d'organismes de santé. Les membres qui appuient cette initiative comprennent la Société canadienne du cancer, le Conseil canadien pour le contrôle du tabac, l'Association dentaire canadienne, l'Association médicale canadienne, la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, la Fondation des maladies du coeur du Canada, l'Association pour les droits des non-fumeurs et Médecins pour un Canada sans fumée.

Renseignements:

Société canadienne du cancer : Rob Cunningham (613) 565-2522, poste 305
Conseil canadien pour le contrôle du tabac :
Rob Walsh (613) 567-3050, poste 107
Coalition québécoise pour le contrôle du tabac : Flory Doucas (514) 598-5533
Fondation des maladies du cœur du Canada :
Eileen Melnick McCarthy (613) 569-4361, poste 318
Association pour les droits des non-fumeurs :
Melodie Tilson (613) 230-4211, poste 3
Médecins pour un Canada sans fumée : Cynthia Callard (613) 233-4878