Combler les lacunes en matière de financement des soins dentaires :

Mettre sur pied un programme durable et efficace financé par le gouvernement fédéral

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L’écosystème des soins dentaires : un modèle hybride

Les trois quarts des Canadiens consultent un professionnel des soins dentaires tous les ans, ce qui constitue l’un des taux d’utilisation annuelle de la dentisterie les plus élevés au monde.2 C’est en partie attribuable à l’efficacité du secteur de l’assurance dentaire privée du Canada très performant, qui a répondu aux besoins de la majorité des travailleurs canadiens et de leurs familles pendant des décennies.

Les régimes d’assurance-maladie privés, en particulier les régimes de soins dentaires parrainés par l’employeur, sont la base essentielle du financement des soins dentaires au Canada. Environ 95 % des soins dentaires sont financés à partir de sources privées, soit par des assurances privées (55 %) ou payés directement par les patients (40 %)3.

Contrairement aux soins médicaux, qui sont presque exclusivement financés par l’État au Canada, les soins dentaires ne sont généralement pas couverts par les régimes d’assurance-maladie universels des provinces et des territoires. Lorsqu’on compare les sources de financement des soins dentaires dans différents pays à revenu élevé, le Canada est celui qui utilise le plus l’assurance-maladie privée, toutes proportions gardées. Dans la majorité des cas, l’assurance dentaire fait partie d’un régime d’avantages sociaux parrainé par l’employeur, dont bénéficient environ la moitié des Canadiens. Les avantages sociaux parrainés par l’employeur sont essentiels à l’accès aux soins dentaires au Canada, et la santé buccodentaire de notre population dépend de leur disponibilité constante pour les patients.

En 2021, le secteur de l’assurance-maladie a versé 30,4 milliards de dollars en réclamations à 27 millions de Canadiens. On estime qu’un montant de 9,5 milliards de dollars (32 %) concernait les soins dentaires.4 La majorité des employés considèrent les soins dentaires de base comme l’un des avantages sociaux les plus importants. De nombreux Canadiens affirment qu’ils chercheraient un nouvel emploi si le régime de leur employeur n’était pas satisfaisant à cet égard.5

Les Canadiens bénéficiant d’un régime d’avantages sociaux et ceux ayant les moyens de payer jouissent de souplesse dans leur choix de dentistes, de temps d’attente minimaux et de soins dentaires de qualité supérieure, avec peu de restrictions. Des études révèlent que les personnes qui ont une assurance dentaire sont plus susceptibles de consulter le dentiste et de recevoir des soins dentaires, ce qui contribue à une meilleure santé buccodentaire.6, 7, 8 Les instruments de politique qui pourraient avoir des répercussions sur l’assurance dentaire parrainée par l’employeur doivent être étudiés avec soin puisqu’ils risquent d’avoir des répercussions importantes et conséquentes sur le secteur de l’emploi.

Selon un sondage récent, 78 % des Canadiens sont favorables aux investissements fédéraux en soins dentaires; ce niveau de soutien chute toutefois à 39 % lorsqu’on suggère la possibilité que cela ait des répercussions sur l’assurance dentaire déjà parrainée par l’employeur. De plus, 70 % des Canadiens qui ont un régime d’avantages sociaux parrainé par l’employeur n’auraient pas les moyens d’obtenir des soins dentaires ou auraient de la difficulté à le faire s’ils perdaient ces avantages.1

Durant la pandémie, environ 10 % des Canadiens ont perdu leur régime privé de soins dentaires ou celui ci a été réduit.1 Selon une récente Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, une personne sur cinq au Canada n’ayant pas d’assurance privée pour les soins dentaires a évité de consulter un dentiste en raison du coût.9 Une grande proportion de personnes âgées canadiennes ont perdu leur assurance privée pour les soins dentaires à leur retraite. Selon des projections de Statistique Canada, près du quart de la population sera âgée de 65 ans et plus d’ici 2030, contre 19 % en 2022 et 14 % en 2010.10 Selon les données du dernier recensement, la population canadienne en âge de travailler est plus âgée qu’elle ne l’a jamais été; un adulte sur cinq approche de la retraite, et ce groupe constitue actuellement une proportion plus importante de la population canadienne que le groupe des 15 à 24 ans.11

Dans un contexte d’enjeux démographiques et économiques, pour être efficace et équitable, le système de prestation de soins de santé buccodentaire au Canada doit être un modèle hybride fondé sur un secteur modernisé et efficace d’assurances privées, complété par une composante publique soigneusement conçue et adéquatement financée.