L'essentiel de l'ADC 2014 • Volume 1 • Numéro 2 - page 13

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Volume1Numéro2
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L’
observatoire
Cancer de la bouche :
LESMÉTHODESDEDÉPISTAGE
SONT-ELLESEFFICACES?
CatherinePoh
LaDrePohest coauteure
d’unarticledu
JADC
qui décrit
étapepar étapecomment
effectueruneévaluationde
la t
rdépister
Undiagnostic tardif signifiequeplusde lamoitié
despersonnes atteintesd’uncancer de labouche
oudupharynxauront eu le tempsdedévelopper
desmétastases régionalesouàdistance
1
.
Trois examensdesdernièresdonnées sur
l’efficacitédesprogrammesdedépistagedu
cancer de labouche sont arrivésgrossomodoà
lamêmeconclusion : ilmanquededonnéespour
établir aveccertitude si cesprogrammes sont
efficaces. Quedoivent donc retenir lesdentistes?
Malgrédesdonnéesnonconcluantes, ilsdoivent
rester à l’affût de signesde lésionsprécancéreuses
oucancéreuses chez tous leurspatientsquand
ils font un suivi habituel ou
l’examend’unnouveaupatient.
« Lesdentistesdevraient profiter
de l’examende routinepour
chercher des signesdecancer de
labouche », croit laDreCatherine
Poh, professeureagrégéeà
l’Universitéde laColombie-
Britanniqueet chercheusedans
lesdomainesdudépistage
communautaireet de laprise
enchargedespersonnes à
haut risqued’avoir des lésions
précancéreusesde labouche. « Il
nous incombe, en tant quedentistes, de
chercher des lésionsdes tissusmous. Cela
peutmener audépistaged’irrégularités,
dont des signesprécurseursdecancer de
laboucheet de lagorge. Unexamende
troisminutespourrait sauver unevie ! »
CollaborationCochrane
Une revueCochrane
2
s’est penchée
sur lesméthodes actuellesde
dépistage– soit l’examenvisuel et
les techniquesd’appoint, comme
lebleude toluidine, lavisualisation
par fluorescenceou labiopsiepar
brossage–et n’a rienpuconclurequant à leur
efficacitépour réduire lamortalitécauséepar le
cancer de labouche. Une seuleétudedémontrait
qu’unexamenvisuel peut réduire le tauxde
mortalitéattribuableaucancer de labouche
chezdespersonnes à risquéélevé (ceuxqui ont
consommédu tabac, de l’alcool ou lesdeux).
Uneautre revueCochrane
3
a tentéd’évaluer
l’exactitudedudiagnosticd’unexamende
dépistageducancer de laboucheet celled’autres
techniques complémentaires,mais lagrande
variabilitéentre les études retenuesn’apaspermis
de fairedecomparaisonsni demener uneanalyse
groupéedesdonnées.
Groupede travail sur lesservicespréventifs
Unexamenmenépar leGroupede travail
des États-Unis sur les servicespréventifs
4
a
montréqu’il n’yavait pas assezdedonnées
pour conclurequ’unexamenvisuel de lacavité
buccale (inspectionvisuelleet palpation) effectué
par un fournisseur de soinsprimairespermettait
dedépister fidèlement uncancer de laboucheou
de réduire le tauxdemorbiditéoudemortalité
grâceàun traitement. Toutefois, l’énoncéde
ceGroupepréciseque les recommandations
entourant ledépistagenevisent pas lesdentistes
ni lesotorhinolaryngologistes.
Bienque laconsommationde tabacet d’alcool
favorise lecancer de labouche, le risquecroît
également avec l’âge. Une infectionauVPH
sexuellement transmissible (VPH-16) constitueun
autre facteur de risquedeplus enplus important
ducancer oropharyngé. Or, selon laDrePoh,
tous les adultesdevraient subir undépistage
ducancer de labouchepuisque lenombrede
jeunespatients atteintsdece typedecancer et
depatients sans facteur de risqueconnuest à
lahausse. « Il est tempsdemener uneétudeà
grandeéchelleàpartir d’unprotocolenormalisé
pour en savoir davantage sur cettemesurequi
pourrait sauver des vies. Il nous faut davantagede
donnéesprobantespour répondreauxquestions
suivantes : «Devrions-nous faire ledépistagedu
cancer de labouche? Les techniquesd’appoint
sont-ellesutiles et quellevaleur ont-ellespour le
dépistage? », ajoute laDrePoh.
a
Enmédecine dentaire, le dépistage du cancer de la bouche par
inspection visuelleet palpation fait partiede l’examende routine
mené par le clinicien. Or, les objectifs du dépistage, à savoir le
repérage de lésions précancéreuses ou cancéreuses pour qu’une
intervention puisse réduire l’apparition de cellules malignes ou
améliorer les chances de survie, ne sont pas toujours faciles à
atteindre.
Références
La listecomplètedesréférencesestdisponibleà
Malgré des données
non concluantes, les dentistes
doivent rester à l’affût de signes
de lésions précancéreuses ou
cancéreuses chez tous leurs
patients quand ils font un suivi
habituel ou l’examen oral d’un
nouveau patient.
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