L’essentiel de l’ADC • Volume 5 • Numéro 1

36 | 2018 | Numéro 1 P ratico - pratique la fluoration de l’eau et le taux de fluorure dans l’urine a été observée à la fois dans les groupes exposé (coefficient d’après le modèle entièrement ajusté = 24,0; E.-T. = 4,1; IC à 95 % := 15,3 à 32,8, p < 0,01) et non exposé (coefficient d’après le modèle entièrement ajusté = 11,1; E.-T. = 3,1; IC à 95 % = 4,3 à 17,8, p < 0,05). L’effet est plus marqué dans le groupe exposé, bien que les IC à 95 % se chevauchent. D’après les codes postaux du domicile, les répondants à l’enquête représentaient 216 communautés. L’information sur la fluoration de l’eau a été obtenue pour 62 (29 %) de ces communautés. Parmi ces communautés, seules cinq (toutes situées en régions rurales) seraient classées différemment si l’on utilisait cet indicateur géographique plus précis basé sur le code postal. Par conséquent, en raison du très faible nombre de communautés pour lesquelles une reclassification aurait eu un effet quelconque, il a été jugé inutile de revoir les comparaisons du taux de fluorure dans l’urine en fonction de cette reclassification comme cela avait initialement été prévu. Discussion Les conclusions semblent indiquer que la fluoration de l’eau déterminée en fonction du site de collecte de données est une donnée qui, bien qu’elle semble assez brute, est néanmoins raisonnablement exacte lorsqu’on la compare au taux de fluorure mesuré dans l’urine dans le contexte d’une vaste enquête nationale représentative de la population canadienne, menée auprès de résidents de régions urbaines et rurales. Cela s’explique par les différences statistiquement significatives entre le taux moyen de fluorure mesuré dans l’urine des répondants à l’enquête répartis en fonction de la fluoration ou de l’absence de fluoration de l’eau (d’après le site de collecte de données), ce taux s’étant maintenu après correction en fonction des covariables et étant légèrement plus élevé dans les sous-populations exposées (d’après la consommation d’eau du robinet et les anciens lieux de résidence) que dans les non exposées. En plus de corroborer les conclusions de notre étude précédente 5 , pour laquelle nous avions utilisé une mesure de l’exposition propre à chaque site, ces résultats nous fournissent des données importantes sur les options possibles pour la surveillance de la fluoration au niveau de la population. Ils nous montrent notamment qu’il est possible de mener des études de population sur l’exposition à la fluoration, même en l’absence de données sur des biomarqueurs (données dont la collecte est à la fois coûteuse et complexe sur le plan logistique), à la condition d’avoir une idée générale du lieu de résidence de chaque personne. Un deuxième objectif de cette étude était d’évaluer la valeur ajoutée générée par l’utilisation de données géographiques plus précises pour déterminer si l’eau est fluorée. Il convient de souligner qu’il a été loin d’être facile d’obtenir de l’information sur la fluoration dans les communautés du Canada. Ainsi, parmi les sept provinces représentées dans l’enquête, seules quatre ont été en mesure de fournir quelque information à ce sujet. Les entretiens avec les représentants provinciaux ont révélé que, dans certains cas, cela reflétait les limites de l’échange de données entre les ministères ou organismes, de telle sorte que les bases de données pouvant établir des liens entre les réseaux publics de distribution d’eau et les codes postaux pouvaient être incomplètes, inaccessibles ou tout simplement inexistantes. Si l’on se fie au sous-ensemble des communautés pour lesquelles on savait si l’eau était fluorée, il semble que les résultats varient peu, que l’on utilise le site de collecte des données (données brutes) ou la communauté géographique de résidence (données plus précises) pour déterminer la fluoration : une classification différente n’aurait été obtenue que pour cinq communautés (sur 62), toutes situées en régions rurales. Compte tenu de la difficulté à obtenir de l’information sur la fluoration au niveau des communautés, cela est une bonne nouvelle. Il convient cependant de rappeler qu’en raison de ces difficultés les renseignements obtenus portent sur moins du tiers des communautés (62 sur 216) et que l’écart aurait peut-être été plus important si les résultats avaient été basés sur l’ensemble des communautés. Il pourrait être utile de chercher à mettre au point un système qui permette d’avoir facilement accès à de l’information sur la fluoration au Canada à l’échelle de petites régions. Une telle ressource permettrait aux professionnels dentaires de connaître les taux locaux de fluorure et d’en informer leurs patients, ce qui faciliterait la planification des traitements. Elle pourrait également permettre aux membres du public d’avoir facilement accès à de l’information fiable sur les taux de fluorure dans l’eau du robinet qu’ils consomment et de comparer ces taux aux recommandations de Santé Canada en matière de sécurité 7 . Il existe à cette fin d’excellents systèmes desquels on pourrait s’inspirer, notamment le Water Fluoridation Reporting System aux États-Unis 11 et la base de données sur la fluoration des conseils municipaux de la Nouvelle-Galles-du-Sud, en Australie 12 . Une limite importante de l’étude tient à l’utilisation d’échantillons instantanés d’urine, lesquels sont sensibles aux fluctuations 6 . Les estimations ajustées en fonction du taux de créatinine compensent quelque peu cette limitation. Une autre limite est liée à l’absence d’information sur l’utilisation des suppléments de fluorure ou des dentifrices fluorés; on ignore donc le rôle de ces variables de confusion potentiellement importantes. Enfin, les conclusions sont de peu d’utilité pour l’analyse des facteurs de risque au niveau individuel, par exemple le risque de fluorose en fonction de l’apport de fluorure. Les points forts de cette étude tiennent à l’utilisation d’un vaste échantillon représentatif à l’échelle nationale, à la haute qualité des données et à la rigueur de l’analyse. En conclusion, ces résultats pourraient être utiles aux chercheurs en santé publique dentaire et aux organismes de surveillance de la santé publique, car ils renseignent sur des moyens efficaces et raisonnablement précis de surveiller la fluoration dans les populations. a Références Voustrouverez la listecomplètedesréférencesà jcda.ca/g17

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