L’essentiel de l’ADC • Volume 4 • Numéro 6

31 Numéro 6 | 2017 | P oint de mire Traitement des consommateurs de cannabis « Il manque d’études cliniques sur les risques éventuels en dentisterie du traitement de consommateurs de cannabis à des fins médicales ou récréatives », souligne un récent article du JADA 7 . On y explique que la science en sait peu sur le traitement de patients chez qui le cannabis est pharmacologiquement actif : « Quelques minutes après l’inhalation, un consommateur peut avoir un rythme cardiaque élevé, les yeux rougis et une respiration ralentie. Le cannabis peut augmenter la tension artérielle chez un patient en position allongée, mais il peut entraîner une hypotension orthostatique suivie d’étourdissements ou d’un évanouissement quand le patient se lève. » Cet article mentionne aussi que les risques associés au traitement varient selon le type de consommateurs : « Un dentiste pourrait distinguer un patient qui consomme de la marijuana à des fins médicales, pour soula- ger la nausée durant la chimiothérapie par exemple, d’un patient qui consomme pour le plaisir. Dans le premier cas, le risque mé- dical d’un traitement dentaire pourrait être accru en raison d’autres troubles de santé. » Les auteurs de l’étude encouragent les den- tistes à bien connaître les signes et symp- tômes d’une intoxication aigüe, à aborder tout patient sans préjugé et à se renseigner sur les effets possibles du cannabis sur la santé générale. Le niveau d’intoxication doit absolument être évalué non seulement pour veiller à ce que le consentement soit véritablement éclairé, mais aussi parce qu’un « traitement dentaire chez un patient intoxi- qué peut lui causer une forte angoisse, une dysphorie et une certaine paranoïa », note une autre étude 8 . Effets buccodentaires indésirables Xérostomie Le cannabis est associé à un risque accru d’effets indésirables, y compris une xérosto- mie 9 qui pourrait être attribuable aux pro- priétés parasympatholytiques de la plante. Caries dentaires La xérostomie et une mauvaise alimentation peuvent accroître le risque de caries den- taires chez les consommateurs de cannabis 8 . Maladie parodontale La xérostomie, alliée à une mauvaise hygiène buccodentaire, peut expliquer l’accroissement du risque de maladie paro- dontale chez les consommateurs de can- nabis. « Il est bien connu que le tabagisme soutenu peut accroître le risque de maladie parodontale, mais il a été étonnant de constater que la consommation de cannabis à des fins récréatives présentait aussi un facteur de risque », a souligné le Dr Jaffer Shariff de l’Université Columbia lors d’une entrevue pour MedicalXpress. Ses collègues et lui ont récemment publié un article sur le sujet dans le Journal of Periodontology 10 . « Même en tenant compte d’autres facteurs liés aux maladies des gencives, comme le tabagisme, les consommateurs fréquents de cannabis à des fins récréatives sont deux fois plus susceptibles que les consom- mateurs occasionnels d’avoir des signes de maladie parodontale. » La recherche a aussi conclu que la consommation récréative de cannabis est liée à une profondeur accrue des poches parodontales et à une perte d’attache épithéliale 10 . Stomatite, leucœdème et leucoplasie L’inhalation ou la mastication de marijuana affecte l’épithélium buccal, et les signes cliniques comprennent l’érythème, la stomatite, le leucœdème et l’hyperkératose. La consommation chronique peut aussi mener à une inflammation chronique et à une leucoplasie, voire à une neoplasie 8 . Le nabiximol en aérosol peut quant à lui causer des lésions blanches sublinguales réversibles, qui pourraient être attribuées à la menthe poivrée ajoutée au médicament 11 . Infections Les consommateurs de cannabis sont plus susceptibles aux infections buccales, telles que la candidose, ce qui pourrait s’expliquer par un système immunitaire fragilisé, les hydrocarbures contenus dans la marijuana, l’hygiène buccodentaire et l’alimentation 8 . Le Dr Lança note que peu d’études portent sur les conséquences buccodentaires par- ticulières de la consommation du cannabis. Un article de 2016 publié dans le British Dental Journal abonde dans le même sens : « L’utilisation conjointe de cannabis et de tabac, ce qui est courant, pose un défi pour les chercheurs s’intéressant seulement aux effets du cannabis 12 . »

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