L'essentiel de l'ADC 2016 • Volume 3 • Numéro 5 - page 28

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Volume3Numéro5
P
ratico
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pratique
dent 75avait étéextraitedepuisque lepatient
avait étévuen2008; lepatient nepouvait cependant
pas expliquer les raisonsdecetteextraction. L’équipe
a fait unexamenbuccodentairecomplet et aprisdeux
radiographies rétrocoronairespour voir s’il yavait une
carieouunautre trouble. L’examencliniquen’a rien
révélé, et aucunecausedepréoccupationn’aété
détectée.
Il est courant quedespatients schizophrènes soient
réadmis à l’hôpital pour être stabilisés aprèsqu’ilsn’aient
paspris leursmédicaments et que leur état se soit
détérioré. Bienquedes antécédents simultanésd’abus
deplusieurs substances toxiquespuissent avoir précipité
la réadmissiondupatient à l’hôpital, l’abusde substances
n’était pas encauseaumoment de laconsultation.
Lepatient adit auDr Clarkqu’il « se sentait partagéen
deux »en raisonde lamolaireprimairequ’il avait encore.
Ducôté sansdent primaire, il se sentait commeunadulte;
ducôtéavec ladent primaire85, il se sentait commeun
enfant ouunpoupon. Il avait de ladifficultéàcomposer
avecces sentiments conflictuels, et il apréciséqu’il ne se
sentait capabledemâcher queducôté « adulte »de sa
bouche.
Diagnostic
L’examenn’ayant rien révélé sur leplancliniquequi
pourrait expliquer l’inconfort dupatient à l’égardde
sadent 85, il aétédéterminéque sonétat était une
manifestationde ladiscordancede sapensée.
«Ledélireestun trait courantde la sériede symptômes
positifsde la schizophrénie, c’est-à-dire les symptômes
observablesqui nedevraientpas l’être, explique leDrClark.
Il yaaussi ladésorganisationet les symptômesnégatifs.
Cepatient affichait surtoutdes symptômespositifsdans
lediagnosticglobal de samaladie. Lepronosticde tels
patientsest encourageantquand ils reçoivent le traitement
appropriéet ils réagissentgénéralementbienaux
antipsychotiquesqui leur sontprescrits. »
Plande traitement
«D’expérience, je saisque lesmolairesprimaires
conservées chez les adultespeuvent subsister bien
des années et rienn’indiquequ’il faut intervenir et les
extraire. Cesdents constituent unmoyenéconomique
depréserver unespaceet elles assurent unecertaine
fonction–quoique sansdoute limitéechez cepatient »,
souligne leDr Clark. Il a fait valoir ce raisonnement au
patient. « Il était très sympathiqueet aécouténotre
explicationdes avantages et des inconvénientsde la
rétentionet de l’extraction, se rappelle leDr Clark. Je lui ai
formulémes recommandations et lui ai expliquéque je
n’allaispas extraire sadent. Bienquecene soit pas cequ’il
voulait entendre, il aacceptémadécision. »
Lepatient est retournéà lacliniquedentairepour voir
l’hygiénisteet était certainementmotivéàgarder ses
dents en santé. Il aobtenu soncongéde l’hôpital peude
temps après.
a
Figure1 :
Les radiographies rétrocoronairesmontrent ladent 85 conservée
et aucun signe clinique expliquant les préoccupations du patient.
L’extractionaurait-elle été la solution?
L’extractionde ladent aurait-ellemisfinà ladiscordancede lapensée?« Il aurait certainement
été faciled’extraire ladent, reconnait leDrClark,mais siunautredentisteavaitultérieurement
recommandéun implant ouuneprothèse, celaaurait pudéclencherunautredélire oudiscordancede
lapenséequi est propreà la sériede symptômes positifs. »Par exemple, lepatient pourrait envenirà
percevoir l’implant commeun corps étranger.Celapourrait l’amenerà croireque les autres peuvent
liredans ses pensées–unautrephénomène courant chez les schizophrènes–, cequi entraîneraitune
toutenouvelle sériede conflits chez lui. «L’approche laplus simple, et celleavec laquelle j’étais très à
l’aise, étaitde refuserd’extraire ladent», conclut leDrClark.
DrDavidClark
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