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Vol. 74, Nº 1
 
ISSN: 1488-2167
 
Février 2008

 

Délais dans le diagnostic du cancer de la tête et du cou

TEXTE INTÉGRAL

• Thomas Yu, DMD, MSc, FRCD(C) •
• Robert E. Wood, DDS, MSc, PhD, FRCD(C) •
• Howard C. Tenenbaum, DDS, Dip Perio, PhD, FRCD(C) •

S o m m a i r e


Les délais dans le diagnostic du cancer de la tête et du cou font référence à 2 périodes distinctes. La première est l'intervalle qui s'écoule entre l'apparition des symptômes et la visite initiale du patient chez un médecin ou un dentiste – il s'agit du «délai patient ». Le «délai lié au professionnel» désigne le temps écoulé entre le moment où le patient est pris en charge par un professionnel et l'établissement d'un diagnostic histologique confirmé. Enfin, le «délai total» correspond à la somme des deux. La présente étude avait pour but d'estimer le délai du patient, le délai lié au professionnel et le délai total et de déterminer les facteurs susceptibles d'en influencer la durée.



Matériel et méthodologie : Les facteurs associés au délai de diagnostic, chez les patients atteints d'un cancer de la tête et du cou traités à l'hôpital Princess Margaret de Toronto (Ontario), ont été évalués de septembre 2005 à septembre 2006. Les patients devaient indiquer les premiers signes ou symptômes qu'ils ont observés. La mesure initiale (p. ex., antibiothérapie, aiguillage du patient) fait référence à la décision prise par le clinicien après la première consultation. Les patients devaient aussi indiquer s'ils subissaient un examen dentaire annuel. Des données ont été recueillies sur des marqueurs du risque, notamment sur certaines caractéristiques démographiques et socioéconomiques et sur la consommation d'alcool et de tabac. Enfin, les dates des biopsies et du diagnostic histopathologique confirmé ont été notées.



Les valeurs médianes des délais patient, lié au professionnel et total ont été calculées. Les patients dont les délais étaient supérieurs à la valeur médiane ont été classés parmi les groupes «avec délai», tandis que ceux dont le délai était inférieur à la valeur médiane ont été classés dans les groupes «sans délai». Une analyse des variables a été réalisée pour déterminer toute corrélation significative entre ces variables et le délai patient, le délai lié au professionnel ou le délai total.



Résultats : Au total, 105 patients ont été interviewés; de ce nombre, 3 ont été exclus faute de renseignements ou de consentement. L'étude a donc porté sur 102 patients (63 hommes et 39 femmes). Après la première consultation, la plupart des praticiens ont dirigé le patient vers un spécialiste (38,2 %), bien que certains (12,7 %) n'aient pas jugé nécessaire de pousser l'examen ou le traitement plus loin. Près des deux tiers des patients ont dit consulter régulièrement leur dentiste, et la plupart avaient des antécédents de tabagisme (consommation médiane de 20 cigarettes par jour pendant 35 ans). Le délai patient médian a été de 4,5 semaines, contre 11,8 semaines pour le délai lié au professionnel médian. Le délai total médian a été de 22,5 semaines.



Il convient de noter que le délai total a eu tendance à être sensiblement plus long chez les femmes que chez les hommes (p < 0,01). Par ailleurs, dans les cas où les praticiens ont décidé de diriger immédiatement le patient, les délais de diagnostic ont été considérablement réduits par rapport aux délais observés chez les patients non dirigés, ce qui a eu pour effet de prolonger sensiblement le délai lié au professionnel (p < 0,001). Le délai patient a aussi eu tendance à être plus long chez les patients qui ne consultaient pas régulièrement un dentiste (p < 0,05). Enfin, le délai lié au professionnel a eu tendance à être plus long chez les non-fumeurs que chez les fumeurs (p < 0,05).



Discussion : Les cancers précoces de la tête et du cou sont souvent difficilement perceptibles ou asymptomatiques, et le délai total médian (près de 6 mois) observé ici a été plus long que prévu. Il est donc important que le clinicien maintienne en tout temps un indice de suspicion élevé, sans égard aux facteurs de risque tels que la consommation de tabac ou d'alcool. En présence de signes de malignité potentielle, les professionnels de la santé doivent rapidement diriger le patient vers les ressources compétentes pour l'établissement d'un diagnostic. Il importe enfin de mieux informer le public afin d'améliorer les résultats dans ce domaine.

 


 
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