Un sondage des étudiants en dentisterie, en médecine et en soins infirmiers : accidents du travail et contrôle de l’infection

Gillian M. McCarthy, BDS, M.Sc. •
 Jonathan E. Britton, B.Sc., DDS •

Version abrégée

La version anglaise est affichée au complet sur le site Web du eJCDA à : http://www.cda-adc.ca/jcda/vol-66/issue-10/561.htm

© J Can Dent Assoc 2000; 66:561


Historique — Comme les travailleurs étudiants de la santé entrent plus en contact avec des patients pendant leur formation, ils courent un risque accru d’être exposés à des pathogènes à diffusion hématogène, y compris les virus de l’hépatite B (VHB), de l’hépatite C (VHC) et de l’immunodéficience humaine (VIH). Il incombe donc aux universités de faciliter l’immunisation préclinique et d’assurer la formation sur le contrôle des infections afin de protéger les patients ainsi que la santé et les carrières des non-diplômés tout en jetant les bases pour que les pratiques de travail soient plus sûres dans le domaine de la santé. Il faut intervenir dans l’enseignement pour améliorer la conformité avec les directives et réduire le nombre des accidents.

Objectifs — Étudier les accidents du travail non stériles et la conformité avec les procédures recommandées pour le contrôle des infections déclarés par les étudiants de dernière année en dentisterie, en médecine et en soins infirmiers à l’Université Western Ontario.

Méthodologie — À l’Université Western Ontario, on a demandé aux finissants en dentisterie (n = 45), en médecine (n = 96) et en soins infirmiers (n = 78) de remplir eux-mêmes un questionnaire anonyme comprenant 71 points et portant sur les accidents du travail survenus au cours de l’année universitaire précédente et sur les mesures de contrôle des infections alors employées. Les accidents du travail non stériles ont été définis comme des blessures infligées par des aiguilles ou des objets tranchants, ou comme des éclaboussures aux yeux, au nez, à la bouche ou à la peau éraflée avec une substance contaminée par du sang ou un liquide organique. Les données ont été analysées à l’aide de statistiques descriptives, du test ANOVA, du test chi-carré de Pearson et de la méthode exacte de Fisher.

Résultats — Les taux de réponse ont été de 73 % pour les étudiants en dentisterie, de 80 % pour les étudiants en médecine et de 82 % pour les étudiants en soins infirmiers. Des accidents du travail non stériles ont été signalés au cours de l’année précédente par 82 % des étudiants en dentisterie, 57 % des étudiants en médecine et 27 % des étudiants en soins infirmiers (p < 0,001), y compris une exposition au VHB et une au VIH. Les accidents les plus fréquents ont eu lieu avec des fraises chez les étudiants en dentisterie, avec des aiguilles chez les étudiants en médecine et avec des objets tranchants avec les étudiants en soins infirmiers. Bien que les étudiants aient fait l’objet d’une gestion appropriée pour les cas connus d’exposition au VHB et VIH, aucun suivi post-exposition n’a été déclaré par 48 % des étudiants en dentisterie, 77 % des étudiants en médecine et 59 % des étudiants en soins infirmiers ayant signalé des accidents (p < 0,05). Les étudiants en dentisterie étaient plus au courant des protocoles post-exposition (p < 0,001) et ont déclaré porté plus souvent des gants (p < 0,05), des masques (p < 0,001) et des lunettes de protection (p < 0,001). Les étudiants qui ont déclaré recoiffer des aiguilles avec les deux mains ont reçu deux fois plus de blessures percutanées (moyenne de 1,9/année) que ceux qui évitaient de les recoiffer ou les recoiffaient avec une main en se servant d’un appareil ou d’une technique de ramassage (p < 0,05). Tous les étudiants en dentisterie, 99 % des étudiants en médecine et 95 % des étudiants en soins infirmiers ont déclaré avoir été immunisés contre le VHB. Cependant, 6 % des étudiants en dentisterie ont accusé une réaction insatisfaisante (c.-à-d., titre des anticorps par rapport aux antigènes de surface du VHB [anti-HBs] < 10 mUI/ml) et 13 % des étudiants en dentisterie, 24 % des étudiants en médecine et 41 % des étudiants en soins infirmiers ne savaient pas si leur titre anti-HBs post-immunisation était satisfaisant.

Discussion — La majorité des étudiants ont signalé des accidents du travail non stériles qui augmentent le risque d’exposition à des pathogènes. Les sujets de préoccupation qui justifient qu’on les souligne davantage dans les programmes comprennent la manipulation des objets tranchants, la conformité avec l’utilisation de moyens de protection personnels, l’adoption du concept des pré cautions universelles, la nécessité de confirmer l’efficacité de l’immunisation contre le VHB et un suivi post-exposition adéquat.