L’esthétisme des dents postérieures -Une perspective pour le nouveau siècle

• Ken A. Neuman, DMD •

© J Can Dent Assoc 1999; 65:556-7


L’esthétisme des dents postérieures. Qu’entendait-on par là il y a 50 ans? Qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui? Il y a 20 ans, très peu de choix de restauration des dents postérieures s’offraient aux dentistes. Si le patient n’avait pas besoin de couronnes complètes, les dents postérieures n’étaient restaurées qu’à l’amalgame ou à l’or. Malgré son grand manque d’esthétisme, l’amalgame demeurait le matériau de choix pour la plupart des dentistes car il était relativement facile à utiliser et pas cher. Pour citer le regretté Dr Ronald Jordan, «L’amalgame comptait parmi les matériaux dentaires les plus indulgents.»

Cependant, les cliniciens qui pouvaient rendre l’amalgame esthétique se faisaient rares. Même si des dentistes de grand talent comme les Drs Miles Markley et Harold Shavell pouvaient recréer la morphologie et la fonction des dents en se servant de l’amalgame, les restaurations ne pouvaient jamais être qualifiées d’esthétiques en raison de leur couleur.

Pour les patients qui pouvaient se le permettre, l’or était le matériau de choix. Même aujourd’hui, les procédures de laboratoire complexes et dispendieuses associées aux restaurations en or assurent une durabilité incroyable du matériau et une réplique exacte de la morphologie naturelle. Toutefois, il n’y pas de choix de couleur. Bien que l’or demeure le matériau le plus solide et le plus durable, on comprend parfaitement pourquoi la plupart des patients préfèrent les restaurations de couleur naturelle.

Récemment, le profil des restaurations postérieures a énormément changé, en partie à cause de l’amélioration considérable des matériaux de couleur naturelle (comme la porcelaine et les composites), des préparations de cavité plus conservatrices, ainsi que d’une meilleure éducation des patients. S’ils ont le choix et s’ils peuvent comparer des photographies de dents restaurées à l’amalgame et d’autres à l’aide de matériaux de couleur naturelle, rare sont les gens qui opteront pour l’amalgame. Ce dernier n’étant plus utilisé dans beaucoup de pays, je prévois que dans 10 ans il disparaîtra complètement des cabinets nord-américains. Cette évolution offrira une fois encore deux grands choix de restauration des dents postérieures — l’or et les matériaux de couleur naturelle.

Grâce aux restaurations de couleur naturelle, nous pouvons préserver davantage de structure de la dent. Aussi, comme la force d’adhérence des matériaux d’aujourd’hui a tellement augmenté, nous pouvons rester assurés que nous avons là un substitut à l’amalgame. Les avantages sont évidents (Ill. 1 et 2).

Neuman01.jpg (25314 bytes) Neuman02.jpg (27586 bytes) Neuman03.jpg (31580 bytes) Neuman04.jpg (28983 bytes)
Illustration 1 : Vieille restauration à l’amalgame. Illustration 2 : Vieil amalgame restauré à l’aide d’un matériau lié de couleur naturelle. Illustration 3 : Espace dont la dent manquante sera restaurée avec un minimum de préparations inlay. Illustration 4 : Pont inlay, non métallique et à trois unités, lié en place.

Les concepts de préparation en vue de l’utilisation de matériaux indirects de couleur naturelle ont considérablement changé par rapport à l’or. On remarque notamment l’utilisation d’angles arrondis plutôt que des angles nets classiques de G.V. Black. On peut utiliser des préparations très conservatrices lors de la restauration des régions postérieures à l’aide d’un pont fixe non métallique, comme le pont inlay postérieur (Ill. 3 et 4). Dans les régions antérieures, quand jadis un pont à trois unités aurait exigé de tailler deux dents saines, les restaurations peuvent être accomplies avec un minimum de préparations (Ill. 5 et 6).

Neuman05.jpg (32710 bytes) Neuman06.jpg (28909 bytes)
Illustration 5 : Préparations inlay minimales pour ancrages de pont antérieur. Illustration 6 : Pont antérieur lié en place.

Les jeunes dentistes commettraient une erreur en ignorant ce changement dramatique de traitement. Malheureusement, à mon avis, très peu de nouveaux diplômés des écoles dentaires en Amérique du Nord ont les compétences ou les connaissances pour restaurer, en un degré de confiance quelconque, les dents postérieures avec des matériaux de couleur naturelle. Même les dentistes qui exercent depuis des années et essaient de se recycler aux matériaux de couleur naturelle seront confrontés à la frustration et à l’échec, car ils s’attendent à y consacrer la même quantité de temps et d’argent que pour l’amalgame. Pour réussir, il faut recourir aux nouvelles techniques, précises et impitoyables, des restaurations de couleur naturelle.

J’incite tous les dentistes, expérimentés ou récemment diplômés, à faire de l’apprentissage des restaurations de couleur naturelle une priorité. Préparez-vous en assistant aux meilleurs programmes de formation continue et en lisant les derniers travaux de recherche publiés dans des périodiques réputés. Je suis certain que nous allons dans cette direction. Soyez avant-gardiste — jouissez de la dentisterie à son plein en effectuant des procédures qui vous satisfont, vous et vos patients.

Le nouveau millénaire approche à grands pas. L’esthétisme des dents postérieures change, offrant une toute nouvelle perspective. Faites ce que vous avez à faire pour adhérer au changement. Peut-être qu’Oliver Wendell Holmes s’adressait directement aux dentistes quand il dit : «Il importe moins là où nous sommes que là où nous allons.» a

Le Dr Neuman exerce dans un cabinet privé à Vancouver (C.-B.).

Demandes de tirés à part : Dr Ken A. Neuman, 101-2732 Broadway Ouest, Vancouver CB V6K 2G4

Les vues exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions et les politiques officielles de l’Association dentaire canadienne.

[ Top ]