Connectivité fonctionnelle Le Dr Vachon-Presseau s’intéresse aussi à la façon dont le cerveau traite la douleur. Avec l’IRM, son équipe examine comment les différentes régions du cerveau communiquent entre elles et explore ce qu’il appelle la «connectivité fonctionnelle». Dans des maladies comme la fibromyalgie, l’équipe a observé des schémas de déconnexion entre les régions du cerveau liées à la perception de la douleur. Pour le Dr Vachon-Presseau, cette observation appuie la théorie selon laquelle la fibromyalgie est associée à des «amplifications amenées par le cerveau», un type d’hyperactivité du système nerveux central. «Il était intéressant pour nous de constater des différences structurelles dans le cerveau liées à ces pathologies», déclare-t-il. Il décrit ce type de douleur comme nociplastique, parce qu’elle résulte de changements dans le traitement du cerveau plutôt que de lésions tissulaires ou d’inflammation. « Il y a bien entendu de nombreuses manifestations biologiques de la douleur, poursuit-il, mais il y a aussi des facteurs structurels ou de niveau macro, comme le statut socio-économique, le niveau de scolarité, le tabagisme ou la consommation d’alcool.» Il souligne que la douleur est à la fois une expérience médicale et sociale. Le niveau de scolarité est corrélé à une diminution de la douleur, ainsi qu’à l’alimentation, à l’activité physique et à l’accès aux soins. «Un statut socio-économique élevé est associé à une douleur moindre. Ce n’est pas tout à fait clair, mais les personnes plus instruites ont généralement un meilleur accès à des ressources, des traitements et des moyens de prendre en charge leur douleur.» En parallèle, les mêmes facteurs structurels peuvent rendre la vie avec la douleur plus difficile. Une personne ayant des moyens financiers limités pourrait ne pas pouvoir se payer un traitement ou s’absenter du travail, et le stress lié à l’insécurité économique et au manque de soutien social peut accentuer la douleur ressentie. Le Dr Vachon-Presseau voit aussi l’éducation comme une forme de traitement. Dans certaines cliniques de la douleur, dit-il, les cliniciens «essaient d’expliquer aux patients ce qu’est leur propre douleur, pourquoi ils la ressentent et ce qu’elle signifie ». Quand les patients apprennent que la douleur ne signale pas toujours un mal continu, leur perception peut changer. «Une fois que vous comprenez qu’il n’y a pas de menace réelle – que vous n’êtes plus blessé, que votre corps va bien – et que vous commencez à reprogrammer la façon dont votre cerveau interprète ces signaux, vous pouvez connaître une amélioration», assure-t-il. Aider les patients à comprendre leur douleur, ajoute-t-il, peut atténuer la peur et l’anxiété qui intensifient si souvent l’expérience. Pour comprendre la douleur, il faut comprendre la personne, sa biologie, mais aussi son histoire, ses facteurs de stress et son environnement. La douleur n’est pas simplement un signal envoyé par le corps, mais le reflet de l’expérience vécue par la personne. «Ces éléments se chevauchent et s’influencent mutuellement de manière complexe», renchérit le DrVachon-Presseau pour décrire l’imbrication des facteurs physiques, psychologiques et sociaux qui déterminent la façon dont la douleur est ressentie. La douleur est à la fois une expérience médicale et sociale. Le niveau de scolarité est corrélé à une diminution de la douleur, ainsi qu’à l’alimentation, à l’activité physique et à l’accès aux soins. Références : Fillingim M, Tanguay-Sabourin C, Parisien M, Zare A, Guglietti GV, Norman J, et al. Biological markers and psychosocial factors predict chronic pain conditions. Nat Hum Behav 2025 Aug;9(8):1710-25. 24 | 2025 | Numéro 6 Point de mire
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