Volume 12 • 2025 • Numéro 6

Le modèle Montréal-Toulouse invite les praticiens à repenser le rôle du dentiste au sein de la société au sens large. Nous savons qu’il existe un contrat social entre les professionnels de la santé et la société. Chaque professionnel se doit d’agir pour la santé collective au sens large. les activités sociales. Ce réseau communautaire transforme la clinique dentaire en un acteur actif au sein de la communauté. Et cela ne prend pas autant de temps qu’on pourrait le penser, explique le Dr Bedos. «Ce que je propose peut prendre trois minutes supplémentaires. Ce qui retient parfois les gens, c’est la peur de l’inconnu», dit-il. Pour soutenir cette approche, le modèle est accompagné d’une liste de questions. Il ne s’agit pas d’une liste de contrôle à proprement parler, mais d’un outil de réflexion permettant de restructurer la pensée et la pratique. Ces questions peuvent aider les dentistes à explorer le contexte du patient, leur propre positionnement et leurs éventuels préjugés ou suppositions. Vers une médecine dentaire connectée, durable et humaine Le modèle Montréal-Toulouse invite les praticiens à repenser le rôle du dentiste au sein de la société au sens large. Audelà du cabinet dentaire, le Dr Bedos propose d’adopter une posture civique : «Nous savons qu’il existe un contrat social entre les professionnels de la santé et la société. Chaque professionnel se doit d’agir pour la santé collective au sens large », explique-t-il. à McGill, en partenariat avec l’Université de Toulouse en France. Ce programme serait accessible aux professionnels en exercice et viserait à combler le fossé entre l’expertise technique et l’engagement social. «Nous essayons de construire quelque chose à petite échelle dans un premier temps, mais avec un impact potentiellement beaucoup plus important», explique le Dr Bedos. «Ce que nous faisons actuellement dans le domaine de l’éducation n’est qu’un premier pas, mais pour certains étudiants, cela fait germer des choses.» Il encourage également à multiplier les collaborations interprofessionnelles avec les sciences sociales, l’ergothérapie, la santé publique et l’écologie. Soigner autrement pour soigner mieux Le passage à un modèle plus biopsychosocial peut sembler irréaliste et utopique, mais le Dr Bedos estime qu’il est réalisable. «C’est une invitation à réorienter la pratique dentaire vers les relations humaines. Il ne s’agit pas de nier les fondements biomédicaux de notre profession, mais d’élargir notre champ d’action pour rappeler à nos collègues que derrière chaque dent se trouve une personne, et derrière chaque personne, une histoire», explique-t-il. Selon le Dr Bedos, dans un système de santé en pleine mutation – avec la mise en œuvre du Régime canadien de soins dentaires, les préoccupations croissantes concernant l’accès et l’équité, ainsi que les changements climatiques et écologiques –, les dentistes ont un rôle central et stratégique à jouer. «Les gens me disent souvent qu’ils n’ont pas le temps pour ce genre de choses. Mais la qualité de la relation, la confiance et la fidélité des patients que vous gagnez compensent largement le temps investi», explique-t-il. Ce modèle peut également insuffler une énergie nouvelle à une profession parfois en proie à l’isolement, à la fatigue et aux pressions économiques. «La médecine dentaire est une profession difficile, mais le modèle biopsychosocial est un moyen de prendre soin de soi en prenant soin des autres», conclut le Dr Bedos. Le Dr Christophe Bedos (Ph. D. en santé publique) est professeur à la Faculté de médecine dentaire et des sciences de la santé buccodentaire de l’Université McGill et professeur adjoint à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Dans une petite communauté, ce rôle est évident : tout le monde connaît le maire, le directeur de l’école locale ou la pharmacienne. Mais dans les grandes agglomérations, ces liens doivent être tissés en créant des réseaux et en s’impliquant davantage au niveau local. «Cette approche civique profite également aux professionnels dentaires. Il est gratifiant de savoir que votre communauté vous connaît et vous respecte pour votre engagement», explique le Dr Bedos. L’intégration de ces changements nécessite également une évolution de la formation universitaire et une plus grande mobilisation en faveur d’une réforme des programmes d’études. «La majorité des professeurs sont des cliniciens ancrés dans le modèle biomédical. Mais des étudiants sensibles à ces questions font leur apparition, et certains programmes pilotes sont en cours d’élaboration pour répondre à ce besoin», explique le Dr Bedos. Il travaille à la mise en place d’un microprogramme de 12 à 15 crédits 20 | 2025 | Numéro 6 Point de mire

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