Volume 12 • 2025 • Numéro 6

forte dépendance aux technologies et les dentistes ont fait de cette technicité une petite idéologie, une forme d’art dentaire, de recherche de la perfection», ajoute-t-il. Bien que cette approche valorise l’efficacité, elle risque de faire oublier le quotidien du patient. Le modèle dominant privilégie souvent le raisonnement en termes de traitement optimal, oubliant parfois que l’objectif des soins doit être défini du point de vue du patient. Le Dr Bedos espère voir cette logique descendante évoluer. Cette perspective plus large nous permet d’aborder la santé buccodentaire comme un phénomène complexe, influencé par des facteurs tels que l’alimentation, le logement, l’éducation, l’isolement, la pauvreté et la discrimination. Le modèle Montréal-Toulouse : une vision biopsychosociale Le modèle Montréal-Toulouse encourage à dépasser la dichotomie traditionnelle entre soignant et patient pour adopter une vision plus systémique. Il repose sur trois niveaux : • Individuel : Comprendre les attentes, les ressources et les obstacles personnels du patient, partager la prise de décision et l’intervention. • Communautaire : intégrer l’environnement immédiat du patient, les services disponibles et les réseaux de soutien. • Sociétal : prise en compte des politiques publiques, des déterminants sociaux et des inégalités structurelles. «Les professionnels dentaires doivent être des participants actifs et des leaders dans leurs communautés, en établissant des relations avec d’autres prestataires de services médicaux et sociaux afin de faire partie d’une équipe», explique le Dr Bedos. «De cette manière, nous pouvons faire partie d’un réseau local intersectoriel qui soutient le bien-être des membres de notre communauté», ajoute-t-il. «Cette perspective plus large nous permet d’aborder la santé buccodentaire comme un phénomène complexe, influencé par des facteurs tels que l’alimentation, le logement, l’éducation, l’isolement, la pauvreté et la discrimination», ajoute-t-il. Une innovation issue de ce modèle est la prescription sociale, qui consiste à orienter les patients vers des ressources locales non médicales qui favorisent leur bien-être, telles que les transports, l’aide alimentaire, le soutien psychologique et « Beaucoup d’étudiants me disent : "Ce patient a besoin de ceci ou de cela". Je leur demande : “Tu le sais parce qu’il te l’a dit ou parce que tu le penses?” », explique-t‑il. « Ce qui est bien pour la dent n’est pas forcément bien pour la personne dans laquelle se trouve la dent. » Lorsque ce décalage se produit, il peut créer une distance, une incompréhension, voire un rejet du plan de traitement. 19 Numéro 6 | 2025 | Point de mire

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