Volume 12 • 2025 • Numéro 6

© World Obesity La Dre Large met actuellement à l’essai son modèle dans des cabinets dentaires. Elle se joindra à des équipes dentaires en Angleterre pour mesurer la taille et le poids de patients, avec leur consentement, lors de rendez-vous de routine. Les personnes touchées par l’obésité seront invitées avec leur équipe dentaire à se soumettre à une brève intervention : une discussion, des ressources et des options d’orientation. Pour le groupe témoin, il y aura seulement une discussion et de l’information. En suivant les patients et leur équipe dentaire, la Dre Large souhaite déterminer si son modèle est à la fois acceptable et réalisable dans l’exercice quotidien. « Cette étude rassemble tous les éléments : dépistage, discussion et orientation dans un contexte de soins dentaires de routine. » Au fil de ses analyses et de ses enquêtes, la Dre Large a souvent entendu parler de la crainte de contrarier les patients, de la stigmatisation de l’obésité, du manque de formation et de directives, des contraintes de temps et de l’absence de rémunération. « Les équipes dentaires sont occupées, et certains soins préventifs ne sont pas rémunérés, déplore-t-elle. Si nous voulons que les équipes dentaires fassent de la prévention globale, elles ont besoin de formation, de directives claires, d’une assurance et d’un soutien réglementaire, ainsi que d’une reconnaissance et d’une rémunération. » La stigmatisation, en particulier, est un thème qui est revenu souvent. « Il y a de la stigmatisation liée au poids dans le domaine de la santé, confirme-t-elle. Tout programme d’études doit comprendre une formation pour contrer cette stigmatisation et enseigner à demander la permission d’aborder le sujet et à en discuter avec tact. Les directives nationales au Royaume-Uni commencent à intégrer cet aspect, mais il n’y a encore rien de propre à la médecine dentaire. » Des discussions efficaces Les conseils cliniques de la Dre Hampl font écho à l’importance de faire preuve de tact. Pour elle, les professionnels dentaires ont déjà une entrée en matière : les boissons sucrées, les collations ultra-transformées et le grignotage fréquent favorisent à la fois les caries et l’obésité. «Parfois, on peut tout naturellement commencer par parler de prévention de la carie», confie-t-elle. Elle suggère de demander au patient la permission de parler de boissons sucrées et de collations, puis à partir de techniques d’entretien motivationnel, d’explorer les priorités et contraintes de la famille. Au lieu d’imposer des interdits, elle préfère le concept de «remplacer au lieu de supprimer» : remplacer trois boissons gazeuses quotidiennes par de l’eau aromatisée ou une boisson infusée aux fruits qui reste agréable à boire. Il vaut mieux y aller à petits pas, choisir un ou deux objectifs réalistes et amener toute la famille à changer pour ne pas cibler seulement les enfants. «Je n’ai jamais rencontré de parents qui ne voulaient pas que leurs enfants aient la meilleure santé possible», assure la Dre Hampl, en ajoutant qu’il est important pour les parents de donner l’exemple. Si un parent garde des boissons sucrées à la maison, il est déraisonnable de s’attendre à ce qu’un enfant n’en veuille pas. Il faut aussi s’attarder à l’équité et à l’accès. La Dre Hampl rappelle que le risque de caries et d’obésité est supérieur chez les enfants de milieux défavorisés et souligne qu’il faut adapter les conseils à ce dont les familles peuvent réellement disposer, qu’il s’agisse d’eau potable ou d’aliments frais abordables. Une petite question respectueuse pour déterminer ce à quoi la famille a accès et une courte liste de ressources locales peuvent aider à transformer un bon plan en un plan réaliste. «Les bons conseils ne servent à rien si les familles ne peuvent pas les mettre en pratique», signale-t-elle. Pour la Dre Hampl, l’entretien motivationnel ne consiste pas vraiment à dire aux familles quoi faire, mais plutôt à les aider à déterminer leurs propres priorités et les mesures réalistes à prendre. Elle décrit cet entretien comme une discussion ouverte pour amener les parents à choisir eux-mêmes de changer. Au lieu d’exiger qu’un enfant arrête complètement de boire des boissons gazeuses, par exemple, le dentiste peut demander la permission de parler de boissons sucrées, déterminer si elles constituent un problème, puis aider la famille à choisir une solution de rechange réaliste vers laquelle elle pourrait se tourner. L’objectif n’est pas d’améliorer toute l’alimentation du jour au lendemain, mais d’amener un ou deux petits changements à l’échelle de la famille pour lui donner confiance en ses moyens et l’inciter à poursuivre sur cette lancée. Tout programme d’études doit comprendre une formation pour contrer cette stigmatisation et enseigner à demander la permission d’aborder le sujet et à en discuter avec tact. 16 | 2025 | Numéro 6 L’observatoire

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