Les dentistes parlent déjà aux familles de consommation de sucre, de collations santé et d’habitudes saines pour les dents. Les comportements afférents – ce que nous buvons, la fréquence à laquelle nous grignotons et l’organisation de nos repas – jouent aussi sur le poids corporel et la santé globale. Alors pourquoi les dentistes n’incluraient-ils pas aussi ces comportements dans leurs discussions avec les familles? «Le fait que les dentistes voient régulièrement leurs patients est très intéressant, indique la Dre Sarah Hampl, professeure de pédiatrie à l’Université du Missouri-École de médecine de la Ville de Kansas et sommité du traitement de l’obésité chez les enfants. Les enfants d’âge scolaire voient peut-être leur pédiatre une fois par an, mais s’ils suivent ce qui est recommandé, ils verront l’équipe dentaire deux fois par an. Ce sont deux occasions valides de parler de boissons sucrées, de grignotage et d’habitudes familiales.» Un portrait des attitudes D’abord, la Dre Large s’est penchée sur les pratiques en cours au Royaume-Uni et ailleurs ainsi que sur les attitudes de la population et des professionnels. Le soutien de la population est marquant : 83 % des répondants étaient favorables au dépistage de l’obésité dans les cabinets dentaires, et 85 % étaient d’accord avec l’idée d’aborder le sujet du poids et de la santé2. À l’heure actuelle, la plupart des équipes dentaires ne parlent pas de poids ni de santé avec les patients, mais la recherche suggère que la majorité des étudiants et des professionnels sont d’avis que les dentistes ont un rôle à jouer. Pour elle, tout est clair : «Si le sujet est abordé avec tact et cohérence et si les professionnels ont la formation nécessaire, les gens ne se sentent pas mal d’en parler.» Ensuite, elle s’est concentrée directement sur le public. Selon un sondage britannique auprès de plus de 3500 adultes, 60 % des gens étaient à l’aise que leur taille et leur poids soient pris en note chez le dentiste, et 10 % ont répondu «peut-être»3. Plus de la moitié des répondants (57 %) ont déclaré qu’il serait acceptable que l’équipe dentaire leur offre du soutien pour perdre du poids, tandis que 15 % ont jugé qu’une telle offre serait peut-être acceptable. Les formes de soutien obtenant le taux d’acceptation le plus élevé étaient simples : informations sur les services locaux de perte de poids (84 %), orientation vers un médecin généraliste (81 %) ou orientation vers un service local de perte de poids (78 %). En revanche, les répondants aimaient le moins les rendez-vous séparés; ils préféraient des actions lors du rendez-vous chez le dentiste. Il faut noter que les hommes étaient plus susceptibles d’accepter le dépistage de l’obésité et un soutien que les femmes, contrairement à la tendance générale en matière d’intérêt porté aux soins de santé. La Dre Jessica Large, experte-conseil en médecine dentaire pédiatrique à Sheffield et chercheuse postdoctorale à l’Université de Loughborough en Angleterre, a commencé à faire de la recherche sur les liens entre la médecine dentaire et un poids santé en 2018, pendant sa formation en médecine dentaire pédiatrique à Édimbourg. Après la visite d’un programme local de promotion d’un mode de vie sain à son cabinet, elle s’est demandé pourquoi il n’y avait pas davantage de rapports entre la médecine dentaire et les programmes de santé communautaire. «Si ces services existent, et vu le lien entre la carie et l’obésité, pourquoi ne changeons-nous pas nos façons de faire?», s’est-elle demandé. Son équipe a repensé les rendez-vous avec les nouveaux patients : le poids et la taille de chaque enfant ou jeune personne qui le voulait ont été mesurés, leur IMC a été calculé, et les familles se sont vu proposer une consultation gratuite avec le programme de promotion d’un mode de vie sain. L’évaluation a montré que le personnel et les familles ont très bien réagi1. Cette initiative pilote a été la genèse du projet de thèse de la Dre Large. «L’obésité et les interactions entre la santé buccodentaire et le reste du corps sont devenues mon sujet de recherche», explique-t-elle. Sa thèse porte précisément sur la façon dont les équipes dentaires peuvent aider la population à perdre du poids. Les enfants d’âge scolaire voient peut-être leur pédiatre une fois par an, mais s’ils suivent ce qui est recommandé, ils verront l’équipe dentaire deux fois par an. Ce sont deux occasions valides de parler de boissons sucrées, de grignotage et d’habitudes familiales. 15 Numéro 6 | 2025 | L’observatoire
RkJQdWJsaXNoZXIy OTE5MTI=