Le Staphylococcus aureus, une bactérie sphérique à Gram positif. Le microbiologiste français René Dubos a isolé la tyrothricine, un mélange de gramicidine D et de tyrocidine, à partir de la bactérie du sol bacillus brevis, qui inhibe efficacement toute une classe de bactéries. Son ingestion est toxique pour l’humain; en conséquence, elle ne peut être utilisée que par voie topique. Dans les années 1940, le microbiologiste américain Selman Waksman a mené une étude systématique du comportement antimicrobien des bactéries du sol, en particulier des Streptomyces spp. Il a créé un cadre pour présenter les espèces bactériennes ayant des relations antagonistes et il a ainsi découvert 15 grands antibiotiques et antifongiques, dont l’actinomycine, la néomycine et la streptomycine, premier traitement efficace contre la tuberculose. En 1967, les souches de S. pneumoniae sont également devenues résistantes à la pénicilline. Entre 1979 et 1999, le pourcentage de cas associés à des pneumocoques résistants aux antibiotiques a triplé2. En 1976, des gonocoques producteurs de pénicillinase ont été trouvés en Angleterre et aux États-Unis. Au cours des dix années qui ont suivi la première utilisation de la pénicilline pour traiter la gonorrhée, la prévalence des souches résistantes à cet antibiotique a atteint un pic3. En 1983, une épidémie de gonorrhée en Caroline du Nord s’est révélée être causée par une souche bactérienne insensible à la pénicilline en raison d’une mutation non liée à la pénicillinase. Ces événements ont mené à l’interdiction de la pénicilline comme médicament de première intention pour le traitement du gonocoque. Les autres antibiotiques ont connu une évolution similaire : les médicaments efficaces ont perdu de leur pouvoir actif avec l’usage. La streptomycine a été un traitement efficace contre la tuberculose pendant quelques années, puis il a fallu y associer un antibiotique. Les chercheurs ont voulu comprendre comment la résistance s’est développée et savoir si les antibiotiques eux-mêmes jouaient un rôle dans la diminution de leur efficacité. À partir de méthodes comme celle de Waksman, plusieurs firmes pharmaceutiques ont commencé à utiliser une approche rationnelle de criblage pour développer de nouvelles molécules à partir de ce que la science savait des mécanismes d’action des antibiotiques. Elles ont trouvé plusieurs nouveaux groupes d’antibiotiques : la tétracycline en 1948, le macrolide en 1952, la nitrofurane en 1953, la quinolone en 1960 et l’oxazolidinone en 1987. Plus de 150 antibiotiques et 20 classes ont été découverts depuis la pénicilline, mais aucune nouvelle classe n’a été découverte au cours des 40 dernières années. Résistance aux antimicrobiens Les premiers signes d’antibiorésistance à la pénicilline ont été documentés avant la diffusion à large échelle de cet antibiotique. En 1940, deux scientifiques ont signalé qu’une souche d’E. coli était capable de rendre la pénicilline inefficace en libérant une enzyme – la pénicillinase – qui la détruit. En 1942, quatre souches de staphylocoque doré se sont révélées résistantes à la pénicilline chez des personnes hospitalisées. Au cours des années suivantes, les infections causées par ce staphylocoque résistant à la pénicilline se sont multipliées et sont passées des hôpitaux aux collectivités. À la fin des années 1960, plus de 80 % de toutes les souches de staphylocoque doré étaient résistantes à la pénicilline. Heureusement, un antibiotique semi-synthétique appelé la méthicilline, première pénicilline résistante à la pénicillinase, a été mis sur le marché vers la même époque, mais le répit a été de courte durée. Une vingtaine d’années plus tard, la résistance à la méthicilline est devenue endémique aux ÉtatsUnis, atteignant 29 % des personnes hospitalisées infectées par le staphylocoque doré. 21 Numéro 3 | 2025 | Point de mire
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