Dr Bruce Ward de Vancouver, C.-B. Nouveau président de l’ADC Page 9 Le magazine de l’Association dentaire canadienne 2025 • Volume 12 • Numéro 3 PM40064661
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© 2025 Garrison Dental Solutions, LLC Indiquez le code ADCA425CDA 150 DeWitt Lane Spring Lake, MI USA 49456 Alex Fox, chargé de compte. Numéro sans frais 888-437-0032, poste 242 afox@garrisondental.com | www.garrisondental.com Circuit de délivrance d’énergie™ adaptatif « La lampe Loop™ n’est pas qu’une simple unité de photopolymérisation – elle représente une avancée révolutionnaire dans la technologie de polymérisation intelligente. » Chris Felix, scientifique en chef, BlueLight Analytics Inc., auteur du rapport technique Loop élimine les incertitudes de la polymérisation à la lumière. C’est la seule lampe de polymérisation dotée d’un système de rétroaction en temps réel qui ajuste automatiquement la puissance pour fournir la dose d’énergie précise nécessaire à une polymérisation idéale, à chaque fois. Confiance en chaque polymérisation. Mais ne nous croyez pas sur parole; lisez le rapport technique en balayant ce code QR. Circuit de délivrance d’énergie™ adaptatif Quatre DEL puissantes Capillaire pour fibre optique gainé Microprocesseur Peut être commandé au Canada, exclusivement auprès de Curion • Photomètre automatique intégré • Étalonnage entièrement automatisé • Réglage de la puissance en fonction de la distance Lampe de polymérisation LED ADCA425CDA_FR
Sommaire L’ADC sur le terrain 7 Toute l’importance des relations 9 Dr Bruce Ward Nouveau président de l’ADC L’observatoire 15 Données de Statistique Canada : Difficultés en matière de ressources humaines, temps d’attente et projets chez les fournisseurs de soins buccodentaires 17 En bref Petites annonces 34 Cabinets, postes vacants, index des annonceurs Point de mire 20 Vue d’ensemble : les antibiotiques et la résistance aux antimicrobiens Dernier hommage 38 Dre Karen Gardner Pratico-pratique 26 Sinusite maxillaire d’origine dentaire : diagnostic et traitement 30 Conversations délicates au cabinet dentaire 32 Favoriser la pleine conscience Le magazine de l’Association dentaire canadienne 2025 • Volume12 • Numéro 3 Le saviez-vous 37 Faits curieux sur le dentifrice 15 20 26 30 5 Numéro 3 | 2025 |
Réévaluer le rince-boucheMC C’est le temps de formuler une recommandation fondée sur des données probantes Des revues systématiques, des méta-analyses, les directives en matière de pratique clinique de niveau S3 de la Fédération européenne de parodontologie et un récent rapport consensuel d’experts mondiaux appuient l’utilisation complémentaire des rince-bouche antiseptiques 1-3. Formule éprouvée en clinique enrichie d’huiles essentielles pour éliminer les germes En savoir plus 1 Traitement de la parodontite de stade I à III. Directives en matière de pratique clinique de niveau S3 de la FEP. J Clin Periodontol. Juillet 2020;47. 2 Figuero, E., Roldán, S., Serrano, J., Escribano, M., Martín, C. et Preshaw, P. M. (2020). Efficacité des traitements d’appoint chez les patients atteints d’inflammation gingivale. Une revue systématique et une méta-analyse. J Clin Periodontol 2020; 47 : 125-143. 3 Bosma, M.L., J.A. McGuire, A. DelSasso et coll. Efficacité de l’utilisation régulière de la soie dentaire et d’un rince-bouche sur la plaque et la gingivite : un essai clinique randomisé. BMC Oral Health 24, 178 (2024). https://doi.org/10.1186/s12903-024-03924-4 Toujours lire et suivre l’étiquette. © Kenvue Canada Inc. 2025
Toute l’importance des relations En avril, quand j’ai pris ma retraite après 49 ans comme dentiste, j’étais partagé. Je savais que le moment était venu, mais je craignais que mes patients et mon personnel me manquent. Je suivais certaines familles depuis quatre générations. À l’approche de mon dernier jour, j’ai pris conscience que je n’allais plus les voir régulièrement. Dans mon équipe il y avait notamment Kim, ma réceptionniste, et Debbie, mon assistante dentaire. J’ai travaillé avec elles presque toute ma carrière. Elles ont rendu mes journées de travail fluides, efficaces et agréables pendant près de 45 ans. Plus que des collègues, elles sont devenues de bonnes amies. Et ce n’est pas parce que je suis à la retraite que je vais les perdre de vue; en fait, nous avons tous soupé ensemble le mois dernier. Il y a une logique à travailler étroitement avec des gens pendant une longue période. Vous apprenez à tellement bien les connaître que vous finissez par fonctionner en harmonie. Vous faites confiance à leurs connaissances, à leurs compétences techniques et à leur instinct. Non seulement vous connaissez leur caractère, mais vous vous souciez aussi de leur bien-être. Les relations de travail sont importantes. Les gens que vous côtoyez tous les jours au bureau ont une influence considérable sur la qualité de votre carrière et de votre vie. Les efforts que j’ai mis pour établir des relations solides avec mon personnel ont aussi contribué à la grande qualité des soins que nous avons prodigués. Selon une enquête nationale de 2018 de l’Association canadienne des assistants(es) dentaires, de l’Association canadienne des hygiénistes dentaires et de l’ADC, un milieu de travail désagréable est l’une des principales raisons pour lesquelles le personnel quitte un cabinet dentaire. J’ai toujours essayé que mon cabinet, à Coquitlam en ColombieBritannique, soit un lieu de travail plaisant. Notre groupe de 26 membres du personnel faisait des exercices de communication. Chaque semaine nous avions des réunions du personnel et parlions de tout conflit interpersonnel qui surgissait afin de trouver des solutions ensemble. Je m’efforçais toujours d’écouter et de comprendre le point de vue des autres membres du personnel. Au fil des ans, j’ai appris que, pour gagner la confiance d’un membre du personnel, celuici devait comprendre que j’allais le soutenir même s’il faisait une erreur. Nous sommes tous humains – même moi – et nous ne sommes pas toujours parfaits. Mais le fait d’aider une personne à résoudre une situation de manière éthique et d’améliorer les méthodes de fonctionnement du bureau pour que les erreurs puissent être évitées permet à nos collègues d’évoluer tout en respectant notre nature humaine. Je crois qu’il incombe aux dentistes d’instaurer une culture du respect et un milieu où il fait bon travailler. Cela profite autant au personnel qu’aux patients. Ces derniers aimaient revoir le visage familier du personnel de longue date chaque fois qu’ils entraient dans mon cabinet. Pour eux, un cabinet dentaire suscite souvent bien des émotions. Ils y viennent parfois parce qu’ils ont de la douleur et ils sont souvent nerveux ou inquiets. Comme ils doivent se sentir mieux si la personne qui s’occupe d’eux travaille dans l’harmonie. Or, ce n’est pas la faculté de médecine dentaire qui enseigne comment gérer du personnel et créer une culture de travail. Ce sont des compétences à acquérir soi-même, au fil du temps. Si j’ai appris une chose au cours de ma carrière, c’est que les relations ont de l’importance et qu’il est capital de les entretenir et de les soigner. Après mon dernier jour de travail en avril, la nouvelle propriétaire du cabinet m’a demandé si je pouvais remplacer un dentiste en congé. Je suis sincèrement content de pouvoir retourner de temps à autre, parce que je pourrai revoir des amis, des patients et des collègues que j’ai eu le privilège de côtoyer pendant si longtemps. Mot du président Dr Bruce Ward president@cda-adc.ca Numéro 3 | 2025| L’ADC sur le terrain 7
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Dr Bruce Ward Nouveau président de l’ADC Le Dr Bruce Ward a grandi à Granby, au Québec, à une heure à l’est de Montréal, en Estrie. Aîné de quatre fils, il a fini premier de classe dans une petite école secondaire de langue anglaise. À l’âge de 16 ans, il a commencé à étudier la botanique à l’Université McGill. « Un de mes frères est boursier Rhodes, un autre est professeur de biologie cellulaire à l’Université du Vermont et le dernier est pédiatre et habite en ColombieBritannique, alors je le vois souvent, ce qui est bien parce que j’ai quitté la maison pour aller à l’université quand il avait 7 ans », précise le Dr Ward. Après trois ans à l’université, le Dr Ward a fait une demande pour étudier en médecine dentaire à l’Université McGill. « Ma mère était étonnée parce que j’avais toujours détesté aller chez le dentiste quand j’étais petit », racontet-il. Quand il est entré à la Faculté de médecine dentaire, le Dr Ward a découvert qu’il s’est senti à sa place. Carrière en médecine dentaire Lorsqu’il a fini ses études en médecine dentaire à l’âge de 24 ans, le Dr Ward est parti aux Bermudes pour commencer à exercer. «J’ai pris l’avion à Montréal en février pour aller aux Bermudes. Je me souviens de la chaleur et du parfum dans l’air quand je suis descendu de l’avion et combien j’ai eu l’impression de me trouver au bon endroit.» Son assistante dentaire avait 19 ans et sa réceptionniste, 21 ans. «On était tous des enfants en fait.» Après six mois, l’entente financière conclue avec les propriétaires du cabinet s’est avérée non viable. Par chance, avant de quitter les Bermudes, il a rencontré sa femme, Karin. «Elle se trouvait à y être en (De droite à gauche). Les frères Ward : Dr Brian Ward, Dr Gary Ward, Dr Bruce Ward et Dr Glen Ward. 9 Numéro 3 | 2025 |
vacances depuis le New Jersey », révèle-t-il. Ils se sont mariés en 1978. En 1977, le Dr Ward a déménagé en Colombie-Britannique et a travaillé comme dentiste associé pendant près d’une décennie à North Vancouver. «J’ai beaucoup appris du dentiste principal, le Dr George Sakata. C’était le meilleur poste d’associé que j’aurais pu espérer.» Ensuite, avec deux camarades de la Faculté de médecine dentaire, les Drs Rod Clarance et Scott Stewart, il a acheté un cabinet à Coquitlam, toujours en ColombieBritannique, où il a travaillé pendant 30 ans. En 2008, il a décidé de travailler à temps partiel dans un cabinet proche de chez lui, à North Vancouver, pour pouvoir s’investir davantage dans le bénévolat, l’enseignement et le monde associatif dentaire. En avril dernier, le Dr Ward a pris sa retraite après 49 ans d’exercice continu. «Quand j’ai officiellement pris ma retraite la semaine dernière, deux membres de mon personnel travaillaient avec moi depuis près 45 ans, soit presque depuis mes débuts. L’une des choses dont je suis le plus fier, c’est mon personnel et le soutien qu’il m’a apporté contre vents et marées.» Le Dr Ward avoue que, chaque jour de sa carrière, il se rendait au travail avec la nervosité au ventre. «J’ai toujours ressenti un peu d’appréhension à l’idée de ne pas savoir quel défi j’allais devoir relever auprès de mes patients avec compassion et une excellente maîtrise technique. J’ai vraiment à cœur de faire un bon travail et de m’occuper de mes patients et de mon personnel. Alors, il y a toujours une charge mentale avec laquelle je dois composer pour répondre aux attentes.» Toutefois, son travail avec des étudiants et étudiantes de l’Université de la ColombieBritannique et son rôle dans le monde associatif dentaire ne provoquent pas la même nervosité chez lui. «En comparaison, ce n’est que du plaisir», admet-il. Monde associatif dentaire Au début des années 1980, le Dr Ward s’est joint au comité d’éthique du Collège des chirurgiens dentistes de la ColombieBritannique. «Puis, j’ai continué à dire “oui” à tout ce qu’on me demandait», avoue-t-il. Dans les années qui ont suivi, il a siégé à des comités et des groupes de travail du Collège, puis de l’Association dentaire de la Colombie-Britannique (ADCB). Il a été président de l’ADCB pour l’exercice 2010-2011. Pendant 10 ans, le Dr Ward est allé parler de santé buccodentaire et d’hygiène dentaire dans les écoles élémentaires. «J’utilisais une marionnette appelée Squirt. Je demandais à un volontaire de lui brosser les dents, explique-t-il. Dans la bouche de la marionnette, il y avait un embout relié à une bouteille d’eau sur laquelle je pressais pour asperger le volontaire, puis tous les autres enfants voulaient venir brosser les dents de Squirt.» En 2012, le Dr Ward a assumé la présidence du programme de mentorat dentaire de l’ADCB. «C’est difficile de concevoir un programme de mentorat qui réussit à établir des relations de longue haleine dans lesquelles les participants sentent qu’ils peuvent demander sans hésitation à leur mentor occupé ou à leur mentoré de leur consacrer temps et énergie», dit-il. Le programme de l’ADCB fournit une liste de mentors sur son site Web. Un dentiste désireux d’avoir un mentor, peu importe où il en est rendu dans sa carrière, peut ainsi en demander un qui possède l’expertise ou l’expérience recherchée. «Notre programme de mentorat fonctionne selon les motivations de chaque personne et à partir de réunions virtuelles ou en personne organisées par les deux parties. C’est un excellent moyen de découvrir notre culture professionnelle», insiste le Dr Ward. Ce dernier agit à l’occasion comme mentor auprès de plusieurs dentistes formés à l’étranger qu’il a rencontrés par l’intermédiaire de l’Eastside Dental Clinic de Vancouver, où il fait du bénévolat. «Ils passaient du temps à la clinique et apprenaient comment nous faisions les choses, explique-t-il. Aujourd’hui, ils exercent depuis près de dix ans, mais ils continuent à nous appeler lorsqu’ils ont des questions ou des inquiétudes. En général, les questions ne portent pas sur la partie scientifique de la médecine dentaire, souligne-t-il, mais plutôt sur la manière d’établir de solides relations avec les patients et le personnel.» Le Dr Ward a couru 26 marathons au Canada et à l’étranger. Une partie de pêche avec le Dr Ward et ses frères. Au premier rang : Gary et Glen (avec des poissons). Bruce (à gauche) et Brian à l’arrière. Président de l’ADC 2025-2026 10 | 2025 | Numéro 3
Le Dr Ward reconnaît que le dentiste principal lors de son premier poste d’associé, le Dr Sakata, a été un premier mentor important. Jocelyn Johnson, directrice générale de l’ADCB avant de prendre sa retraite en 2023 après plus de 30 ans au service des dentistes de la province, a été une mentore pour le Dr Ward dans le monde associatif dentaire. «J’ai aussi des collègues spécialistes en qui j’ai confiance et que je peux appeler n’importe quand pour leur poser des questions ou leur parler de mes préoccupations au sujet de patients. Il y a un chirurgien buccal et un endodontiste qui m’ont donné de précieux conseils au fil des ans. Je leur envoyais une radiographie et leur demandais si un traitement de canal nécessitait l’intervention d’un spécialiste, s’ils pratiqueraient une biopsie. Toutes sortes de conseils de la sorte.» En 2015, le Dr Ward est devenu président du comité organisateur de la Conférence dentaire du Pacifique, le plus gros congrès dentaire du Canada. «J’aime tout de cet événement : travailler avec l’équipe, organiser un tel congrès pour mes collègues, chercher des conférenciers, vendre des espaces aux exposants et m’occuper des problèmes. C’est une occasion incroyable de tisser des relations et d’acquérir de nouvelles compétences. Nous en avons fait le plus grand congrès dentaire du pays, et sans doute l’un des meilleurs d’Amérique du Nord.» En 2025, la Conférence a accueilli près de 15000 personnes. Le Dr Ward s’est joint au conseil d’administration de l’ADC en tant que représentant de l’ADCB en 2017 et a officiellement assumé la présidence lors de l’assemblée générale annuelle de mai 2025. Enseigner et faire du bénévolat Pendant trois ans au début des années 1980, le Dr Ward a enseigné au Département de restauration de la Faculté de médecine dentaire de l’Université de la Colombie-Britannique. «Même si je viens tout juste de prendre ma retraite, je conserve mon permis d’exercice parce que j’aimerais redevenir chargé de cours; j’ai tellement aimé ça», s’exclame-t-il. Depuis 2012, à cette université, le Dr Ward enseigne au programme de professionnalisme et d’éthique et se charge de la coordination du programme de première année en études de questions éthiques «Je discute avec les étudiants du genre de problèmes auxquels ils seront confrontés et des façons dont ils pourraient y réagir. Que se passe-t-il quand une lime se brise dans un canal radiculaire? Que faites-vous? Que dites-vous au patient? Il y a tellement de choses qui peuvent se produire en médecine dentaire et qui peuvent être réglées de manière éthique et professionnelle, plutôt que d’être mal gérées.» Le Dr Ward est bénévole à l’Eastside Dental Clinic, qui sert les habitants du Downtown Eastside de Vancouver n’ayant pas les moyens de payer des honoraires pour soins dentaires. Ce quartier est l’un des plus anciens de la ville et l’un des plus pauvres du Canada. Les services qui y sont offerts sont assurés par des dentistes et du personnel de soutien bénévoles. Le Dr Ward a siégé au conseil consultatif de cette clinique et y apporte bénévolement son expertise en médecine dentaire depuis près de 20 ans. «Avant de commencer, j’étais un peu inquiet, se rappelle-til. Mais très vite, j’ai constaté combien les habitants d’Eastside sont aimables. C’est une communauté dynamique et les patients que nous traitons sont toujours reconnaissants de l’aide que nous leur apportons.» L’un de ses premiers souvenirs de la clinique le ramène au jour où il était à la réception quand un homme est entré avec une boîte dans ses bras contenant la plupart de ses biens. Le Dr Ward l’a aidé à remplir le formulaire d’ouverture de dossier. «Il a dit qu’il avait 39 ans, qu’il vivait sous le pont Burrard et qu’il était porteur du VIH ainsi que de l’hépatite B et C, mais qu’il se sentait bien si ce n’était qu’il avait mal aux dents», raconte le Dr Ward. L’homme avait une lésion carieuse sur sa première molaire supérieure gauche, sous une couronne en or. «Il voulait sauver la dent si possible, ce qui fait que le dentiste de Le Dr Ward et les membres de son équipe de longue date profitent d’un voyage entre collègues à Seattle, dans l’État de Washington. Bruce et Karin dans un vignoble en France.
garde ce jour-là s’est mis à lui faire un traitement de canal.» Les soins centrés sur la personne, qui valorisent les besoins uniques et le vécu du patient, font partie intégrante de la clinique. La clinique fait partie de la Vancouver Aboriginal Health Society et accueille de nombreuses personnes autochtones de la communauté. «Un certain nombre de nos patients ont vécu des traumatismes liés aux dentistes des pensionnats. À la clinique, nous nous efforçons de créer un espace sûr où le patient a son mot à dire.» Même si le Dr Ward a envisagé de faire du travail bénévole à l’étranger, il dit qu’il aime pouvoir agir utilement dans la ville où il vit. Au-delà du monde associatif dentaire Le Dr Ward est devenu coureur de fond au milieu des années 1980 et a couru 26 marathons au Canada et à l’étranger. Il a été bénévole pour la clinique du marathon du YMCA du Grand Vancouver jusqu’en 2004. «J’étais à la tête du groupe du mille en 8 minutes et demie et nous courrions deux marathons par année. Le dernier s’est déroulé en France, où nous avons couru dans 19 des plus grands vignobles du monde. L’occasion était parfaite pour porter un toast à la fin de ma carrière de coureur.» Tous les dimanches, le Dr Ward part en randonnée dans Vancouver et les environs avec le même groupe de personnes. Il aime passer du temps avec des amis, mais il affectionne particulièrement passer du temps avec Karin et leurs trois chiens. «J’adore habiter à Vancouver. C’est une ville tellement belle et dynamique», s’émerveille-t-il. Il y a un cours sur l’éthique professionnelle que le Dr Ward donne aux étudiants en médecine dentaire. Au début, il leur demande d’imaginer qu’ils sont sur le point de prendre leur retraite. À leurs yeux, qu’est-ce qui témoigne d’une carrière réussie? Une grande maison? Un bateau? «Je leur dis que, s’ils peuvent prendre leur retraite après 40 ans d’exercice avec le respect de trois groupes — les patients, le personnel et les pairs —, c’est qu’ils ont probablement réussi leur carrière. C’est comme un tabouret à trois pattes. S’il n’y en a que deux, le tabouret ne tient pas. Pour moi, c’est la mesure d’un professionnel doué d’un sens de l’éthique. Je pense qu’il s’agit d’un bon objectif à avoir dès le départ, plutôt que d’essayer de se rattraper plus tard.» Pour la petite histoire • Pendant ses études en médecine dentaire, le Dr Ward a travaillé comme phlébotomiste à Montréal. • Pour son 50e anniversaire, le personnel du Dr Ward lui a organisé une fête surprise. Or, il n’aime pas les surprises. • Le Dr Ward et Karin ont participé à un épisode de l’émission Love it or List it : Vancouver, qui a été diffusé pour la première fois en 2014. • Le Dr Ward et Karin ont trois teckels miniatures à poil dur prénommés Karma (17,5 ans), Doobie (8 ans) et Zippy (4 ans). Bruce (le comte Dracula) et son équipe avaient l’habitude de se déguiser à chaque Halloween. Président de l’ADC 2025-2026 12 | 2025 | Numéro 3
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En mars, Statistique Canada a publié les résultats de l’Enquête auprès des fournisseurs de soins buccodentaires, premier sondage national ciblant les propriétaires ou exploitants d’un cabinet de soins buccodentaires. Cette enquête a permis de recueillir des données sur l’exercice financier du 1er avril 2023 au 31 mars 2024 et sur les intentions commerciales des cabinets pour les 24 mois suivants. Ce sondage aura lieu tous les deux ans. Difficultés en matière de ressources humaines, temps d’attente et projets chez les fournisseurs de soins buccodentaires Quelque 80 % des cabinets ont déclaré avoir eu au moins une difficulté liée au recrutement ou aux ressources humaines. Les cabinets de dentistes étaient les plus susceptibles d’avoir eu à composer avec au moins une telle difficulté (82 %), suivis des cabinets indépendants d’hygiénistes dentaires (71 %) et des cabinets de denturologistes (53 %). La plus grande difficulté liée aux ressources humaines signalée par 64 % des cabinets de dentistes, 50 % des cabinets indépendants d’hygiénistes dentaires et 37 % des cabinets de denturologistes avait trait au recrutement de personnel qualifié. Données de Statistique Canada Trois répondants sur quatre (75 %) ont déclaré avoir eu au moins une difficulté liée à l’exploitation de leur cabinet. Des raisons administratives, financières et opérationnelles constituaient les difficultés les plus souvent rapportées (42 %), surtout par les cabinets de dentistes (43 %). Malgré cela, presque tous les cabinets (96 %) acceptaient de nouveaux patients. Plus de la moitié (52 %) arrivaient à voir leurs patients actuels pour des soins non urgents dans un délai d’une semaine à un mois, tandis que le quart (25 %) arrivait à les voir en moins d’une semaine. Le temps d’attente pour les nouveaux patients était semblable. 15 Numéro 3 | 2025 |
Parmi tous les cabinets de soins buccodentaires, 59 % prévoyaient de poursuivre leurs activités au cours des 24 mois suivant l’enquête, 31 % songeaient à élargir leur pratique et 4 % planifiaient cesser ou réduire leurs activités. Davantage de cabinets indépendants d’hygiénistes dentaires (44 %) que de cabinets de dentistes (32 %) ou de denturologistes (26 %) prévoyaient d’élargir leurs activités. Parmi les cabinets de soins buccodentaires qui ont déclaré avoir l’intention d’élargir leurs activités, la plupart (70 %) songeaient à accroître leur personnel : 80 % des cabinets indépendants d’hygiénistes dentaires, 70 % des cabinets de dentistes et 67 % des cabinets de denturologistes. Statistique Canada rapporte que les résultats de cette enquête seront utiles pour évaluer l’incidence du Régime canadien de soins dentaires sur le système et les services de soins buccodentaires au Canada : «Ces données sont essentielles pour aider les gouvernements à élaborer des politiques qui favorisent l’accès aux soins dentaires, améliorent le bilan des Canadiens en matière de santé buccodentaire et offrent un environnement de travail sûr et plus efficace aux professionnels de la santé buccodentaire.» Consulter le communiqué de Statistique Canada à : bit.ly/3GJyCEy 16 | 2025 | Numéro 3
EN BREF En février 2025, l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) a publié de nouvelles données sur le personnel de santé au Canada, dont des chiffres sur l’effectif et les caractéristiques démographiques de plus de 30 groupes professionnels de la santé différents. La diminution de 1,4 % du nombre d’assistantes dentaires de 2022 à 2023 figure parmi les principales constatations de l’enquête, même si l’ICIS précise que, vu le statut non réglementé de la profession dans certaines provinces, ce pourcentage n’est pas aussi fiable que pour d’autres professions. Les femmes représentent plus de 75 % de l’effectif professionnel de la santé sélectionné au Canada en 2023, et ce chiffre comprend les femmes qui sont assistantes dentaires (98 % de femmes) ou hygiénistes dentaires (86 %). Quant aux hommes, ils représentent 56 % des dentistes. «De bonnes données sur les professions buccodentaires constituent une étape importante dans la planification d’un effectif Données nationales : effectif en santé buccodentaire solide et durable pour l’avenir, déclare Costa Papadopoulos, conseiller principal de l’ADC en matière de politique de santé. Ces chiffres nous aident également à confirmer les tendances que nous avons observées dans d’autres sources d’information sur l’effectif. » Voir : bit.ly/435gOLr La médecine dentaire canadienne est soumise à des facteurs internes et externes, tels que l’économie, l’effectif, la législation et la technologie. L’analyse de l’environnement de 2024 menée par l’ADC examine les pressions et les perspectives; elle traite des tendances sociales et politiques, des changements législatifs et des données qui guideront les décisions à prendre. Cette ressource se trouve en ligne et auprès des associations dentaires provinciales et territoriales. Analyse de l’environnement pour les dentistes Vidéothèque du BNED Le Bureau national d’examen dentaire du Canada (BNED) a lancé une collection de petites vidéos pour fournir aux candidats et candidates de l’information sur son processus d’examen et de certification. La nouvelle vidéothèque traite de quatre grands sujets : Orientation aux examens, 90 secondes pour une meilleure expérience, Comment déposer une demande et Séance d’information. Créé par une loi fédérale, le BNED a reçu le mandat d’établir une norme nationale unique pour les dentistes généralistes au Canada ainsi que d’élaborer et de faire passer des examens pour veiller à ce que les personnes qui font une demande de permis à titre de dentiste répondent à la norme nationale. Voir : bit.ly/4jG0qYY [en anglais seulement] Voir : https://ndeb-bned.ca/fr/videotheque/ 17 Numéro 3 | 2025 |
EN BREF Dre Leigha Rock Dr Anil Kishen Le Dr Anil Kishen deviendra doyen de la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Toronto le 1er juillet 2025, pour un mandat de cinq ans. Le Dr Kishen est scientifique associé au Service de médecine dentaire à l’Hôpital Mount Sinai et doyen associé à l’enseignement supérieur à l’Université de Toronto. Il est expert en microbiologie et immunologie buccales, et mène de la recherche sur les biomatériaux bioactifs nanotechnologiques et sur la photothérapie pour lutter contre les infections buccales. «Je suis extrêmement honoré d’être nommé doyen de la Faculté de médecine dentaire, a déclaré le Dr Kishen, qui s’est joint à l’Université de Toronto en 2009 et qui est titulaire de la chaire en sciences cliniques Docteur-Lloyd-et-Kay-Chapman et de la Chaire de recherche du Canada en nanomédecine buccodentaire. C’est un privilège de pouvoir diriger une communauté aussi exceptionnelle de professeurs, d’étudiants et d’employés pour faire avancer le savoir, la pratique et l’engagement communautaire en médecine dentaire.» Le Dr Kishen a reçu de nombreux prix, dont le Prix national de la recherche dentaire décerné par l’Association canadienne de recherches dentaires (ACRD) et l’Association des facultés Nouveau doyen de la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Toronto dentaires du Canada (AFDC), le Prix W.W.-Wood décerné par l’AFDC et le Prix Louis-I-Grossman décerné par l’Association américaine d’endodontie. Le Dr Kishen est également ancien président de l’ACRD et a contribué à l’élaboration de la toute première stratégie nationale de recherche sur la santé buccodentaire du Canada. Voir : bit.ly/4krLcGT [en anglais seulement] La Dre Leigha Rock a été nommée présidente de l’Association canadienne de recherche dentaire (ACRD) pour un mandat de deux ans, lors de la réunion annuelle de l’Association américaine pour la recherche dentaire, buccale et craniofaciale (AADOCR) à New York. La Dre Rock est actuellement directrice de l’École d’hygiène dentaire de l’Université Dalhousie et est la première hygiéniste dentaire à devenir présidente de l’ACRD dans l’histoire de l’organisation. Dans le cadre de ses nouvelles fonctions au sein de l’ACRD, la Dre Rock s’engage à favoriser un environnement inclusif, collaboratif et innovant. «Ensemble, nous veillerons à ce que nos recherches permettent non seulement de faire progresser les connaissances, mais aussi d’améliorer concrètement la vie des gens», a-t-elle déclaré dans un discours prononcé lors de l’événement de l’AADOCR en mars 2025. La Dre Rock a également coprésidé, avec le Dr Paul Allison de l’Université McGill, la Stratégie nationale de recherche sur la santé buccodentaire (SNRSB) 2024, officiellement lancée lors du Sommet canadien sur la santé buccodentaire à Halifax, La Dre Leigha Rock est la nouvelle présidente de l’ACRD Voir : cihr-irsc.gc.ca/f/52773.html en Nouvelle-Écosse, en juin 2024. La SNRSB vise à mobiliser la communauté de la santé buccodentaire afin de renforcer les effectifs et les infrastructures de recherche dans ce secteur et de générer de nouvelles connaissances pour aider à améliorer la santé buccodentaire des personnes vivant au Canada. 18 | 2025 | Numéro 3
Le gouvernement fédéral a annoncé la prochaine phase du Régime canadien de soins dentaires (RCSD), qui élargit l’admissibilité aux personnes de 18 à 64 ans sans assurance dentaire. Tout au long de mai, il a été possible de soumettre une demande d’admissibilité par groupe d’âge : 1er mai (55 à 64 ans), 15 mai (18 à 34 ans) et 29 mai (35 à 54 ans). La couverture débutera le 1er juin 2025. L’élargissement du régime constitue une étape importante puisque de nombreuses personnes sans assurance pourront ainsi avoir accès à des soins dentaires. Toutefois, l’ADC s’inquiète de l’accélération de l’échéancier, vu qu’elle avait recommandé une mise en œuvre progressive sur dix mois pour aider les cabinets dentaires à prendre en charge l’augmentation de patients. De nombreuses régions sont déjà confrontées à une pénurie d’effectif (en particulier dans les régions rurales et éloignées) et un afflux rapide de nouveaux patients risque d’accroître la pression sur les cabinets dentaires. Élargissement du RCSD Voir : bit.ly/3SrKCgs L’ADC continuera à interagir avec le gouvernement fédéral pour que l’accès aux soins buccodentaires soit durable. Appui-tête à deux articulations www.hiossenimplantcanada.ca info@hiossen.ca 1.855.912.1112 La chaise la plus avancée numériquement dans sa catégorie! Eau chauffée Contrôle sans fil au pied Location-achat sur 36 mois à 0 % d'intérêt Garantie de 5 ans sur les pièces Garantie de service de 3 ans
Dre Susan Sutherland cheffe du service de médecine dentaire au Sunnybrook Health Sciences Centre et présidente de l'Association canadienne des dentistes en milieu hospitalier. Vue d’ensemble : les antibiotiques et la résistance aux antimicrobiens La découverte de la pénicilline est vue comme l’une des plus grandes percées de la médecine moderne. Les antibiotiques ont sauvé des millions de vies au cours du siècle dernier et prolongé la durée de vie moyenne de 23 ans1. En plus de guérir des maladies infectieuses, ils ont aussi rendu possibles de nombreuses interventions médicales salvatrices, notamment les traitements contre le cancer, les césariennes, les transplantations d’organes et les opérations à cœur ouvert. Mais avec l’utilisation répandue des antibiotiques, les bactéries pathogènes ont évolué et sont devenues résistantes aux antibiotiques. Ils ont perdu de leur efficacité contre les infections. La résistance aux antimicrobiens est en croissance dans le monde entier et menace de réduire à néant les progrès des 100 dernières années. L’âge d’or En 1928, les boîtes de culture de staphylocoques du bactériologiste écossais Alexander Fleming ont été exposées à l’air et contaminées par une moisissure lors de travaux de laboratoire, ce qui a commencé à faire mourir les bactéries. En testant la même moisissure sur des cultures de méningocoques et de bacilles diphtériques, Fleming a noté le même effet. Il a alors formulé l’hypothèse que la moisissure excrétait un composé inhibiteur de bactéries et, en 1929, il est parvenu à isoler la molécule active, qu’il a nommée «pénicilline», le premier antibiotique. En 1945, la pénicilline est devenue un traitement répandu contre les infections bactériennes, d’abord chez les soldats, puis dans le grand public. L’efficacité de la pénicilline et ses effets indésirables limités chez l’humain ont ouvert une nouvelle ère de recherche et de découverte biomédicales. Durant cette période, de nouvelles classes d’antibiotiques ont été découvertes dans les bactéries du sol, les champignons et d’autres sources naturelles. Plus de 150 antibiotiques et 20 classes ont été découverts depuis la pénicilline, mais aucune nouvelle classe n’a été découverte au cours des 40 dernières années. 20 | 2025 | Numéro 3
Le Staphylococcus aureus, une bactérie sphérique à Gram positif. Le microbiologiste français René Dubos a isolé la tyrothricine, un mélange de gramicidine D et de tyrocidine, à partir de la bactérie du sol bacillus brevis, qui inhibe efficacement toute une classe de bactéries. Son ingestion est toxique pour l’humain; en conséquence, elle ne peut être utilisée que par voie topique. Dans les années 1940, le microbiologiste américain Selman Waksman a mené une étude systématique du comportement antimicrobien des bactéries du sol, en particulier des Streptomyces spp. Il a créé un cadre pour présenter les espèces bactériennes ayant des relations antagonistes et il a ainsi découvert 15 grands antibiotiques et antifongiques, dont l’actinomycine, la néomycine et la streptomycine, premier traitement efficace contre la tuberculose. En 1967, les souches de S. pneumoniae sont également devenues résistantes à la pénicilline. Entre 1979 et 1999, le pourcentage de cas associés à des pneumocoques résistants aux antibiotiques a triplé2. En 1976, des gonocoques producteurs de pénicillinase ont été trouvés en Angleterre et aux États-Unis. Au cours des dix années qui ont suivi la première utilisation de la pénicilline pour traiter la gonorrhée, la prévalence des souches résistantes à cet antibiotique a atteint un pic3. En 1983, une épidémie de gonorrhée en Caroline du Nord s’est révélée être causée par une souche bactérienne insensible à la pénicilline en raison d’une mutation non liée à la pénicillinase. Ces événements ont mené à l’interdiction de la pénicilline comme médicament de première intention pour le traitement du gonocoque. Les autres antibiotiques ont connu une évolution similaire : les médicaments efficaces ont perdu de leur pouvoir actif avec l’usage. La streptomycine a été un traitement efficace contre la tuberculose pendant quelques années, puis il a fallu y associer un antibiotique. Les chercheurs ont voulu comprendre comment la résistance s’est développée et savoir si les antibiotiques eux-mêmes jouaient un rôle dans la diminution de leur efficacité. À partir de méthodes comme celle de Waksman, plusieurs firmes pharmaceutiques ont commencé à utiliser une approche rationnelle de criblage pour développer de nouvelles molécules à partir de ce que la science savait des mécanismes d’action des antibiotiques. Elles ont trouvé plusieurs nouveaux groupes d’antibiotiques : la tétracycline en 1948, le macrolide en 1952, la nitrofurane en 1953, la quinolone en 1960 et l’oxazolidinone en 1987. Plus de 150 antibiotiques et 20 classes ont été découverts depuis la pénicilline, mais aucune nouvelle classe n’a été découverte au cours des 40 dernières années. Résistance aux antimicrobiens Les premiers signes d’antibiorésistance à la pénicilline ont été documentés avant la diffusion à large échelle de cet antibiotique. En 1940, deux scientifiques ont signalé qu’une souche d’E. coli était capable de rendre la pénicilline inefficace en libérant une enzyme – la pénicillinase – qui la détruit. En 1942, quatre souches de staphylocoque doré se sont révélées résistantes à la pénicilline chez des personnes hospitalisées. Au cours des années suivantes, les infections causées par ce staphylocoque résistant à la pénicilline se sont multipliées et sont passées des hôpitaux aux collectivités. À la fin des années 1960, plus de 80 % de toutes les souches de staphylocoque doré étaient résistantes à la pénicilline. Heureusement, un antibiotique semi-synthétique appelé la méthicilline, première pénicilline résistante à la pénicillinase, a été mis sur le marché vers la même époque, mais le répit a été de courte durée. Une vingtaine d’années plus tard, la résistance à la méthicilline est devenue endémique aux ÉtatsUnis, atteignant 29 % des personnes hospitalisées infectées par le staphylocoque doré. 21 Numéro 3 | 2025 | Point de mire
croato-américain Milislav Demerec a montré que la résistance aux antibiotiques apparaissait spontanément dans les cultures bactériennes à la suite de mutations génétiques aléatoires, qui se produisent rapidement dans les bactéries. L’exposition à un antibiotique en tant que telle ne menait pas directement à des mutations, mais elle permettait aux bactéries résistantes ayant muté de l’emporter sur les bactéries sensibles aux antibiotiques. La résistance aux antimicrobiens était une conséquence inévitable de la nature même des micro-organismes. Mais plusieurs facteurs en ont accéléré l’apparition. Le développement rapide de plusieurs types d’antibiotiques en peu de temps a entraîné une surutilisation générale chez l’humain. Dans l’agriculture industrielle, les antibiotiques ont été utilisés en prophylaxie pour le bétail afin d’augmenter les taux de croissance et de prévenir les maladies. Les premières recherches semblaient montrer la possibilité que des bactéries résistantes se propagent du bétail à l’humain, mais le domaine agricole continue d’utiliser des antibiotiques d’importance clinique. Depuis les années 1970, la recherche sur les antibiotiques est au point mort et les projets de recherche sur de nouveaux antibiotiques stagnent, très peu ayant atteint l’étape des essais cliniques. Pourquoi la recherche sur les antibiotiques est-elle au point mort? Seulement 5 des 20 sociétés pharmaceutiques ayant pris part à la recherche d’antibiotiques dans les années 1980 sont encore investies dans ce domaine4. La plupart des géants pharmaceutiques ont abandonné la recherche d’antibiotiques, et cette responsabilité a été reprise par de petites sociétés, des universités, de jeunes pousses et des entreprises de biotechnologie. Mais comment en sommes-nous arrivés là? À mesure que les taux de mortalité attribuables au cancer et aux maladies cardiaques augmentaient et que ceux attribuables aux maladies infectieuses diminuaient, les marges économiques pour la mise au point de nouveaux antibiotiques se rétrécissaient. Le rythme de découverte de nouveaux antibiotiques a ralenti, et les quelques médicaments spécialisés mis au point pour vaincre la résistance aux antimicrobiens sont devenus coûteux. Les antimicrobiens Chaque année, les infections causées par des bactéries antibiorésistantes tuent environ 1,27 million de personnes dans le monde. En 2018, environ un million d’infections bactériennes ont été signalées au Canada, dont un quart étaient résistantes aux antibiotiques de première intention. Les antibiotiques sont un type d’antimicrobiens, un nom plus général qui inclut une variété de médicaments contre les infections causées par des micro-organismes. Les antibiotiques servent à traiter les infections bactériennes, tandis que d’autres antimicrobiens servent à traiter les infections causées par des virus, des champignons ou des parasites. Une classe d’antibiotiques est un groupe d’antibiotiques qui partagent une structure chimique et des propriétés semblables. Les antibiotiques peuvent être classés en fonction de leur nature chimique, de leur mode d’action ou de leur spectre d’activité. Un traitement de première intention contre une affection donnée en est un que la plupart des médecins prescrivent aux patients n’ayant pas déjà reçu un traitement, généralement parce qu’il est d’une grande efficacité et d’un faible risque relatif. Si ce traitement est inefficace, le médecin passera à un traitement de deuxième intention. Causes de la résistance aux antimicrobiens Les micro-organismes sont des organismes vivants qui mutent au fil du temps. Comme tout ce qui vit, ils se reproduisent, survivent et se propagent aussi rapidement que possible. Les microorganismes s’adaptent à leur environnement et évoluent pour continuer à vivre. Waksman a défini un antibiotique comme «un composé, produit par un microbe, qui détruit d’autres microbes». Louis Pasteur, le chimiste et pharmacien français qui a découvert les principes de la vaccination, de la fermentation microbienne et de la pasteurisation, un processus qui porte son nom, a avancé au XIXe siècle que les microbes pourraient sécréter des substances pour tuer d’autres bactéries. Les micro-organismes coexistent dans tous les milieux de la planète et se disputent les ressources. Parfois, ils établissent des relations symbiotiques avec d’autres micro-organismes. D’autres fois, ils cherchent à se détruire mutuellement par des enzymes ou des substances chimiques. Des scientifiques comme Waksman ont trouvé des moyens d’utiliser ces composés à l’avantage de l’humain. Les chercheurs ont voulu comprendre comment la résistance s’est développée et savoir si les antibiotiques eux-mêmes jouaient un rôle dans la diminution de leur efficacité. Dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, le généticien 22 | 2025 | Numéro 3 Point de mire
les plus récents sont souvent vendus seulement dans les pays à revenu élevé, alors que les pays à revenu faible ou moyen sont les plus touchés par les décès d’origine infectieuse. Qu’en est-il de la situation au Canada? Chaque année, les infections causées par des bactéries antibiorésistantes tuent environ 1,27 million de personnes dans le monde. En 2018, environ un million d’infections bactériennes ont été signalées au Canada, dont un quart étaient résistantes aux antibiotiques de première intention5. L’antibiorésistance est directement responsable de la mort de quelque 5400 personnes au Canada, ce qui a coûté plus de 2 milliards de dollars au réseau de la santé, selon le rapport Quand les antibiotiques échouent publié en 2019 par le Conseil des académies canadiennes (CAC). Ce rapport explique que, dans un monde où l’efficacité des antibiotiques est décroissante, le risque de contracter une maladie infectieuse et d’en mourir sera plus élevé pour tous. D’ici 2050, si la résistance à tous les antimicrobiens de première ligne atteint 40 %, un scénario jugé comme hautement plausible par le rapport, 13700 personnes au Canada mourront chaque année d’une infection bactérienne résistante, et la baisse cumulée de la population canadienne atteindra près de 400000 personnes. Rôle de la profession dentaire Auparavant, les dentistes prescrivaient des antibiotiques contre les maux de dents. Toutefois, cette pratique n’est pas fondée sur des données probantes, parce qu’il est possible de soulager plus efficacement la douleur par une intervention dentaire ou des antidouleurs6. En 2022, les dentistes étaient à l’origine de près de 10 % de toutes les prescriptions d’antibiotiques au Canada. La profession dentaire peut faire sa part pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens. «Les antibiotiques sont très importants en médecine dentaire, confie la Dre Susan Sutherland, cheffe du service de médecine dentaire au Sunnybrook Health Sciences Centre et présidente de l’Association canadienne des dentistes en milieu hospitalier. Nous avons vraiment besoin de ces médicaments, et vraiment besoin qu’ils soient efficaces contre les infections». Elle reconnaît que les infections dentaires étaient l’une des principales causes de décès il y a quelques siècles. «Mais la recherche a montré que jusqu’à 80 % des antibiotiques prescrits par les dentistes pourraient être inutiles», admet-elle. L’organisme Choisir avec soin, qui travaille à limiter les examens et les traitements inutiles, recommande aux dentistes de ne pas prescrire d’antibiotiques contre un mal de dents ou un abcès dentaire localisé. Les maux de dents surviennent lorsque la pulpe dentaire est endommagée par une carie, un traumatisme ou une obturation de grande taille. La douleur intense est causée par l’inflammation de la pulpe et des tissus entourant la racine, et non Comment influencer les pratiques d’utilisation des antibiotiques en médecine dentaire? L’emploi abusif d’antibiotiques en médecine dentaire, par opposition à la médecine générale, fait rarement l’objet d’une attention publique ou scientifique1. Les dentistes déclarent prescrire des antibiotiques par volonté d’éviter des complications cliniques, par peur de perdre un patient ou en raison de l’insistance perçue de la part des patients. Selon un article paru dans Virulence2, « les médecins prescripteurs d’antimicrobiens ont une double responsabilité quelque peu contradictoire. D’une part, ils veulent offrir un traitement optimal à chaque patient dont ils s’occupent; d’autre part, ils ont la responsabilité, envers ce même patient et les prochains et envers la santé publique, de préserver l’efficacité des antibiotiques et de réduire le plus possible la progression de la résistance». Les autrices suggèrent que la résistance aux antimicrobiens et l’utilisation appropriée des antibiotiques soient abordées à toutes les étapes de la formation des médecins. Une petite étude menée aux États-Unis a montré qu’après avoir été formés à l’utilisation raisonnée des antibiotiques par des experts en maladies infectieuses, les dentistes rationalisaient la prescription d’antibiotiques3. Une étude canadienne sur la prescription d’antibiotiques contre les infections des voies respiratoires et les infections urinaires a montré que des efforts de sensibilisation auprès des médecins étaient assez efficaces et suggère que des cours de formation continue sur l’utilisation rationnelle des antibiotiques seraient utiles pour tous les médecins4. Références : 1. Löffler C, Böhmer F. The effect of interventions aiming to optimise the prescription of antibiotics in dental care—A systematic review. PLoS ONE. 2017. 12(11): e0188061. 2. Pulcini C, Gyssens IC. How to educate prescribers in antimicrobial stewardship practices. Virulence. 2013 Feb 15;4(2):192-202. 3. Goff DA, Mangino JE, Trolli E, Scheetz R, Goff D. Private Practice Dentists Improve Antibiotic Use After Dental Antibiotic Stewardship Education From Infectious Diseases Experts. Open Forum Infect Dis. 2022 Jul 25;9(8):ofac361. 4. Leis JA, Born KB, Ostrow O, Moser A, Grill A. Prescriber-led practice changes that can bolster antimicrobial stewardship in community health care settings. Can Commun Dis Rep. 2020 Jan 2;46(1):1-5. 23 Numéro 3 | 2025 | Point de mire
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