Volume 10 • 2023 • Numéro 2

À la croisée des chemins En 2019, quand je songeais à me présenter à la présidence de l’ADC, je savais que l’association était tournée vers l’avenir, dynamique et bien placée pour naviguer les transformations sociales et économiques. Le travail accompli dans la foulée de l’initiative sur l’avenir de la profession depuis 2016 nous avait préparés à «patiner pour aller au-devant de la rondelle » – une analogie tirée du monde du hockey parce que, oui, je suis une fière Canadienne. Évidemment, j’ignorais à l’époque à quel point notre capacité d’adaptation allait être rapidement et profondément mise à l’épreuve, d’abord par la pandémie de COVID-19, puis par l’engagement du gouvernement fédéral à financer l’amélioration de l’accès aux soins dentaires au pays. Je suis extrêmement fière de notre prise en charge des patients durant la pandémie malgré des conditions exceptionnelles. Grâce à la rigueur de notre profession, aucun cas de transmission de la COVID-19 entre un patient et un fournisseur de soins buccodentaires n’a été rapporté au Canada jusqu’à présent. Rôle des associations dentaires dans unmonde enmutation Le rôle d’une association professionnelle évolue au rythme de notre environnement en mutation. Pendant longtemps, les associations dentaires assuraient différentes fonctions, se chargeant notamment de faire la promotion des normes de pratique et de la formation, de défendre les intérêts publics, et d’agir comme porte-parole de la profession. Dans plusieurs provinces, les associations dentaires ne sont plus responsables de la réglementation. En Allemagne, les dentistes ont des organismes de réglementation, des syndicats et des associations, et ce sont les syndicats qui négocient les contrats des dentistes. Les autorités réglementaires fixent les normes professionnelles que nous devons respecter, mais ce sont les associations qui, à mon avis, travaillent vers les idéaux les plus grands de notre profession. Une association est tournée vers l’avenir – elle travaille activement en faveur d’un futur où la médecine dentaire pourra s’occuper de la santé et du bien-être de toute la population avec efficacité, équité et compassion. Il serait facile de qualifier cette idée d’utopique, mais la médecine dentaire a été façonnée à bien des égards par des idéaux altruistes. Nous améliorons des vies. Nous soulageons la douleur et la souffrance. Nous sommes des médecins et des chirurgiens buccodentaires. Équilibre entre le bien public et le bien-être économique Nous nous trouvons à la croisée des chemins et, en ce moment décisif, nous devons réfléchir aux incidences de l’équilibre précaire entre notre engagement à servir le bien public et la nécessité de veiller à notre bien-être économique. Le secteur dentaire n’est pas le seul à se trouver dans une telle situation; elle est commune à tous les secteurs des soins de santé, mais nous nous trouvons actuellement à un moment charnière. La pandémie a été une période remplie de bouleversements pour les propriétaires de petites entreprises de tous genres. L’inflation, les taux d’intérêt élevés et l’incertitude économique sont des facteurs de stress pour bien des dentistes ayant d’importantes obligations financières. Et les étudiants en médecine dentaire finissent leurs études avec plus de dettes que jamais. Aussi, il y a un nombre croissant d’investisseurs dans les cabinets dentaires qui ne sont pas des dentistes et qui ont leurs propres obligations d’affaires. Je crois que, vu la nature plutôt isolée de notre travail et la façon dont la pandémie a limité nos vies, de nombreux dentistes peuvent se sentir seuls avec leurs problèmes, qu’ils soient financiers ou autres. Augmentation du financement fédéral des soins dentaires J’ai consacré une bonne partie de mon mandat à la présidence de l’ADC à m’occuper du dossier du nouveau programme fédéral de soins dentaires et à faire valoir au gouvernement l’expertise unique de la médecine dentaire, et ce, pour que l’investissement public soit efficace, durable et qu’il atteigne les personnes en ayant le plus besoin. Le système de soins dentaires du Canada, qui repose essentiellement sur les cabinets dentaires privés, est efficace; le régime public de santé du Canada a des problèmes de capacité auxquels le secteur dentaire n’est pas encore confronté. Mais l’annonce du programme fédéral a Mot de la présidente Dre Lynn Tomkins president@cda-adc.ca SUITEÀLAPAGEP.8 7 Numéro 2 | 2023 | L’ADC sur le terrain

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