Éditorial


Penser l’impensable

J’écris cet article à peine 3 jours après l’effondrement des tours du World Trade Center. Maintenant que le choc et l’horreur des détournements sont passés, nous commençons à comprendre l’énormité des conséquences de ces actes. Nous ne pouvons que nous demander comment des actes aussi désespérés peuvent être envisagés et nous préparer nerveusement à l’onde de choc qu’ils provoqueront.

Tout comme bien des Canadiens, j’ai des parents qui vivent et travaillent à Manhattan, ce qui me rapproche d’autant plus de ces tragiques événements. Une fois rassuré que ces parents étaient bien en sécurité, certains effets imprévisibles de ces tragédies ont commencé à se manifester. À la suite de l’interdiction de vol imposée pendant quelques jours dans toute l’Amérique du Nord, il est devenu impossible pour l’ADC de tenir l’assemblée prévue du Bureau des gouverneurs. Nous avions espéré retarder l’assemblée d’une journée et tenir une réunion abrégée mais les événements nous ont forcés à la remettre à une date ultérieure.

En raison de cette annulation, la nomination du Dr George Sweetnam à titre de président de l’ADC a également été reportée. L’assemblée du Bureau des gouverneurs a été reportée aux 16 et 17 novembre, la nomination du Dr Sweetnam étant prévue pour le 16 novembre. Le Dr Burton Conrod demeurera donc en poste à titre de président de l’ADC jusqu’en novembre. En outre, en raison de ces événements imprévisibles, nous ne publierons pas le mot du président dans ce numéro du JADC. Nous publierons cependant le profil du nouveau président dans les pages qui suivent cette chronique.

Stupéfiée par la proximité et l’énormité de ces catastrophes, l’ADC a fait savoir dans une lettre au premier ministre et une autre à nos collègues de l’Association dentaire américaine (ADA) que les dentistes canadiens sont disposés à offrir leur aide à leurs voisins si ces derniers le désirent. Étant donné la façon traumatisante dont la mort a frappé, nous ne pouvons qu’imaginer l’énormité de la tâche qui consistera à identifier les victimes de ces événements. De tels moments nous rappellent en effet l’importance du rôle des odontologistes judiciaires et de la nécessité de maintenir des fiches dentaires précises.

Le Canada a acquis une impressionnante capacité en odontologie judiciaire au cours des dernières années, et les événements du 11 septembre montrent bien que nous ne pouvons jamais prévoir le moment où nous serons appelés à participer à l’identification de victimes de catastrophes. Ce que je retiens de ces événements, c’est qu’il nous faut être prêts même à l’impensable.

Nous continuons malgré tout à planifier l’avenir, convaincus que nous pouvons forger notre environnement si nous agissons de façon coordonnée. C’est là une des convictions fondamentales qui sous-tend le rapport de l’ADA, Future of Dentistry, qui est arrivé sur mon bureau la veille des événements dramatiques survenus dans l’est des États-Unis.

Nos collègues américains ont produit un document très complet qui examine les principales tendances dans la profession aux États-Unis, qui tente de prévoir ce qui se passera à l’avenir et qui fait des recommandations quant à l’orientation stratégique de la profession au cours des 15 prochaines années.

La première recommandation du rapport souligne le besoin d’études complètes de la capacité de la main-d’oeuvre de satisfaire les besoins de la population dans les années à venir, problème qui est également étudié au Canada. Une étude sur les ressources humaines en santé buccodentaire est actuellement menée par Développement des ressources humaines Canada (DRHC) en collaboration avec l’ADC et les associations nationales qui représentent les hygiénistes dentaires, les assistantes dentaires, les denturologistes et les techniciens dentaires.

Comme le présent numéro du JADC est consacré à la prosthodontie, il est intéressant de noter qu’une grave pénurie de techniciens dentaires semble pointer à l’horizon en Amérique du Nord. Il est juste de dire que les dentistes qui offrent des services de prosthodontie dépendent grandement des compétences des équipes de laboratoires. Or, il est aujourd’hui impossible de savoir si nous aurons suffisamment de techniciens ou d’autres membres de l’équipe dentaire dans les années à venir.

L’objectif de l’étude en collaboration avec DRHC consiste à établir une base scientifique qui permettra de prendre les bonnes décisions en matière de ressources humaines dentaires. Compte tenu des divergences de vues sur ce sujet que nous avons publiées au cours des derniers mois, il est devenu évident que nous avons besoin d’une meilleure information pour planifier les ressources humaines dentaires. Or, nous savons tous maintenant ce qui peut arriver aux plans même les mieux préparés.

John O’Keefe
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