Comprendre le point de vue des dentistes La Dre Toreihi a mené une étude qualitative et quantitative qui abordait une question simple, mais de première importance : Que pensent, savent et ressentent les professionnels dentaires au Québec au sujet de l’écoresponsabilité en médecine dentaire? Bien que l’écoresponsabilité en médecine dentaire ait gagné du terrain au Royaume-Uni et dans certaines régions d’Europe, la plupart des professionnels dentaires du Canada n’ont reçu aucune formation universitaire en la matière. Les Drs Toreihi et Bedos ont compris qu’ils devaient dresser un portrait de la situation actuelle au Canada. Pour l’étape qualitative de l’étude, maintenant terminée et à paraître dans les prochains mois, ils ont mené des groupes de discussion et des entretiens avec différents professionnels dentaires – dentistes, hygiénistes et assistantes dentaires – issus des secteurs privé et public au Québec. outils pratiques : des guides simples, des listes de vérification ou des cadres décisionnels qu’ils pourraient adopter dans leur cabinet ainsi que des politiques pour faciliter et soutenir la mise en œuvre de ces pratiques. La plupart des participants ont déclaré être personnellement préoccupés par l’environnement. Bon nombre ont noté des changements environnementaux visibles, tels les feux de forêt et la pollution de l’air, surtout après une saison record de feux de forêt au Canada. «Ils ne sont pas indifférents et se sentent responsables de leurs enfants et des générations futures, insiste la Dre Toreihi. Ils voient le monde changer et veulent agir.» Même si les participants étaient favorables à l’idée de respecter l’environnement, peu comprenaient de manière claire et structurée ce que signifie vraiment la médecine dentaire écoresponsable. Ils avaient surtout des connaissances informelles, fondées sur l’intuition ou sur ce qu’ils avaient appris des médias généralistes et non pas de guides de pratique clinique ou lors de formations universitaires. Certains professionnels mettent en pratique des mesures de leur cru en espérant qu’elles soient bénéfiques – comme trier les déchets ou utiliser certains produits «écologiques» –, mais ils n’agissent pas en se fondant sur des données ou des pratiques exemplaires. Presque tous ont insisté sur leur volonté d’en apprendre davantage. Ils souhaitent des programmes de formation – surtout offerts en ligne ou donnant droit à des crédits de formation continue et fondés sur des données cliniques. Ils voudraient aussi avoir des Un cabinet comme étude de cas À la clinique de l’Université McGill, les efforts de mesure de l’impact environnemental sont déjà bien engagés. Grâce au Fonds des projets de durabilité de l’université et au soutien de Synergie Santé Environnement (SSE), un organisme à but non lucratif québécois qui aide les établissements à réduire leur empreinte écologique, les Drs Bedos et Toreihi contrôlent tous les aspects de la clinique – depuis les habitudes de transport et les déchets jusqu’aux chaînes d’approvisionnement et à la consommation d’eau. La Dre Toreihi explique les étapes : «Nous avons sondé les patients pour voir comment ils se rendaient à la clinique – nous avons vérifié les codes postaux et les moyens de transport. La même chose pour le personnel et les étudiants. Ensuite, nous avons regardé les déchets : la quantité, le type, la récurrence. La chaîne d’approvisionnement est particulièrement complexe. Nous essayons de vérifier l’origine du matériel dentaire, sa composition, son conditionnement, sa distance de transport.» Les participants étaient favorables à l’idée de respecter l’environnement, mais peu comprenaient de manière claire et structurée ce que signifie vraiment la médecine dentaire écoresponsable. Passer à des blouses et des bavoirs réutilisables, adopter la télémédecine dentaire pour certains suivis et passer des commandes plus importantes moins fréquemment serait plus écologique. Même le modèle de dentition qui se trouve partout et que les étudiants utilisent pour apprendre est soumis à un examen. «SSE a prélevé un échantillon et l’a envoyé à une compagnie de recyclage, explique le Dr Bedos. Certains sont à peine utilisés. Est-il possible de les recycler?» Cet exercice a pour but de définir l’empreinte carbone détaillée de la clinique – qui sera revue chaque fois qu’un changement sera apporté. Parmi les premières modifications apportées à la clinique, citons le passage à des blouses et des bavoirs réutilisables, l’adoption de la télémédecine dentaire pour certains suivis, et l’examen des commandes pour déterminer si des livraisons moins fréquentes, mais plus importantes de fournitures pourraient être plus écologiques que des commandes fréquentes, mais plus modestes. La Dre Toreihi espère obtenir le rapport de base de SSE d’ici la fin de 2025. Ensuite, le véritable travail s’amorcera. 25 Numéro 5 | 2025 | Point de mire
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