Repenser la médecine dentaire à l’ère des changements climatiques Un changement structurel dans la stratégie de financement de la recherche au Québec durant la pandémie de COVID-19 a poussé le Dr Christophe Bedos à commencer à faire des lectures sur la durabilité. Codirecteur du Réseau québécois de recherche intersectorielle en santé buccodentaire et osseuse durable (RiSBOd), le Dr Bedos a appris avec ses collègues que le Fonds de recherche du Québec – Santé demandait aux réseaux de recherche de se réinventer. La directive était claire : abandonner le cadre de pensée étroit axé sur la maladie et concentrer plutôt les efforts sur les défis intersectoriels qui touchent les populations, comme les changements climatiques, les inégalités, le vieillissement et l’intelligence artificielle. Cela a forcé le Dr Bedos à réévaluer les priorités de son réseau et, par ricochet, les siennes. Bien qu’il ait travaillé dans les domaines de la santé publique, de l’accès aux soins et de la justice sociale, il s’est rendu compte qu’il n’avait jamais sérieusement envisagé la durabilité environnementale comme élément central de la recherche en santé buccodentaire. Lorsqu’il s’est penché sur le sujet, il dit avoir vécu une grande prise de conscience. Les études scientifiques qu’il a lues – y compris les rapports d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat – ont fait basculer son indifférence antérieure. «J’étais dans le déni, admet-il. Je me disais qu’un ou deux degrés de plus, qu’est-ce que ça pouvait bien changer. Mais je n’avais pas compris toutes les conséquences. Le réveil a été brutal.» Cette période de réflexion et d’apprentissage – dans les domaines des sciences du climat, de la biodiversité, de l’économie, de l’histoire et même de la philosophie – a redéfini sa vision du monde et l’a mené à réorienter ses recherches. Aujourd’hui, le Dr Bedos dirige une série d’initiatives interdépendantes sur l’écoresponsabilité à la Faculté de médecine dentaire et des sciences de la santé orale de l’Université McGill, notamment la transformation de la clinique universitaire pour la rendre plus respectueuse de l’environnement. Sa principale collaboratrice, la Dre Newsha Toreihi, doctorante et dentiste passionnée de justice environnementale, a elle-même vécu son propre éveil au début de son expérience clinique durant la pandémie de COVID-19 en Iran. «J’ai vu combien nous produisions de déchets au nom de la prévention des infections, raconte-t-elle. Je me suis demandée qui s’occupait de la planète pendant que nous nous occupions des patients.» Dr Christophe Bedos Dre Newsha Toreihi 24 | 2025 | Numéro 5
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