Le magazine de l’Association dentaire canadienne 2025 • Volume 12 • Numéro 5 PM40064661 Repenser la médecine dentaire à l’ère des changements climatiques Page 24 + DANS CE NUMÉRO Rôle des dentistes dans la prévention de la rougeole P. 13 Outils adaptés pour les enfants ayant des besoins particuliers P. 20 Syndrome de l’imposteur en médecine dentaire P. 31
Responsable de la gouvernance et des communications Zelda Burt Chef de la rédaction Sean McNamara Rédacteurs-réviseurs Sierra Bellows Gabriel Fulcher Pauline Mérindol Associée aux publications et médias électroniques Michelle Bergeron Concepteur graphique Carlos Castro Publicité Toute demande concernant la publicité imprimée ou en ligne doit être adressée à : Peter Greenhough c/o Peter Greenhough Media Partners Inc. pgreenhough@pgmpi.ca 647-955-0060, ext. 101 Toute demande concernant les petites annonces doit être adressée à : John Reid jreid@pgmpi.ca 647-955-0060, ext. 102 Point de contact de Michelle Bergeron mbergeron@cda-adc.ca Pour plus d’information, appelez l’ADC (au Canada) au : 1-800-267-6354 Partout ailleurs : 613-523-1770 Courriel : publications@cda-adc.ca cda-adc.ca L’essentiel de l’ADC est publié par l’Association dentaire canadienne dans les deux langues officielles. Entente d’envoi de poste-publications no 40064661. Retour des envois non distribuables aux adresses canadiennes à : Association dentaire canadienne, 1815, promenade Alta Vista, Ottawa (Ontario) K1G 3Y6. Port payé à Ottawa (Ontario). Veuillez aviser l’ADC de tout changement d’adresse à : reception@cda-adc.ca ISSN 2292-7387 (version imprimée) ISSN 2292-7395 (version électronique) © Association dentaire canadienne 2025 Avis de non-responsabilité Les collaborateurs assument l’entière responsabilité de leurs opinions et des faits dont ils font état et ceux-ci n’expriment pas nécessairement les opinions de l’Association dentaire canadienne (ADC). La publication d’une annonce commerciale ne signifie pas nécessairement que l’ADC en appuie ou en endosse le contenu. L’équipe éditoriale se réserve le droit de corriger les textes soumis pour publication dans L’essentiel de l’ADC. De plus, l’ADC ne peut être tenue responsable des erreurs de texte ou de traduction. Le contenu commandité est créé exclusivement par les annonceurs, en partenariat avec PGMPI. L’équipe éditoriale de L’essentiel de l’ADC n’intervient pas dans sa création. Conseil da’ dministration de l’ADC Président Dr Bruce Ward Dre Lesli Hapak Ontario Énoncé de mission de l’ADC Fondée en 1902, l’ADC est une organisation constituée sans but lucratif et en vertu d’une loi fédérale, et dont les membres corporatifs sont les associations dentaires provinciales et territoriales (ADPT) du Canada. L’ADC représente plus de 21 000 praticiens d’un océan à l’autre et est une marque et une source d’information fiable pour et sur la profession dentaire concernant des questions nationales et internationales. est la publication imprimée officielle de l’ADC, offrant un dialogue entre l’association nationale et la communauté dentaire. Le magazine sert à informer les dentistes au sujet d’actualités, de nouvelles cliniques et d’enjeux pertinents à la profession. Dr Brian Baker Saskatchewan Président désigné Dr Kirk Preston Vice-président Dr Jason Noel Dre Joy Carmichael Nouveau-Brunswick Dr Jerrold Diamond Alberta Dre Mélissa Gagnon-Grenier T.N.-O./Nunavut/Yukon Dr Raymon Grewal Colombie-Britannique Dre Janice Stewart Île-du-Prince-Édouard Dr Paul Hurley Terre-Neuve-et-Labrador Dr Stuart MacDonald Nouvelle-Écosse Dr Marc Mollot Manitoba 2025 • Volume 12 • Numéro 5 @CdnDentalAssoc canadian-dentalassociation Canadian Dental Association cdndentalassoc cdaoasis 3 Numéro 5 | 2025 |
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Sommaire L’ADC sur le terrain 7 Mot du président : Établir des relations durables avec les patients L’observatoire 9 Résumé du JCDA : Premiers résultats du Régime canadien de soins dentaires 13 Rôle des dentistes dans la prévention de la rougeole 17 En bref 18 Aller aux nouvelles de la communauté de soins buccodentaires au Canada : RCRSB Point de mire 20 Une initiative de Halifax pour les enfants ayant des besoins particuliers 24 Repenser la médecine dentaire à l’ère des changements climatiques Dernier hommage 38 Dr Frank Hohn Pratico-pratique 28 Prise en charge des urgences dentaires chez les enfants 31 Le syndrome de l’imposteur en médecine dentaire 34 Métaboliser le stress : Un guide pour favoriser la résilience et la récupération Le magazine de l’Association dentaire canadienne 2025 • Volume12 • Numéro 5 Petites annonces 35 Postes vacants, index des annonceurs 13 20 28 34 5 Numéro 5 | 2025 |
Scannez le code QR pour découvrir une norme de soins plus élevée Protection contre les caries secondaires* · Matériau d’obturation en un temps · Tolérant à l’humidité Double polymérisation · Libération de fluorure, de calcium et de phosphate et recharges *Activa Bioactive scelle physiquement la marge de l’interface entre le matériau et la dent grâce à la formation de cristaux d’apatite, ce qui assure une protection contre les microfuites, la principale cause de caries secondaires et de caries récurrentes. Les micrographies électroniques à balayage des groupes Activa Bioactive Restorative ont montré « une couche de type hybride plus épaisse, résistante aux acides et aux bases, avec un motif de cristallisation distinct ». (Raghip A. G., Comisi J. C., Hamama H. H., Mahmoud S. H. In vitro elemental and micromorphological analysis of the resin-dentin interface of bioactive and bulk-fill composites. Am J Dent. 2023;36{1}:3-7.) Axé sur le patient. Fournisseur efficace. Tout le monde y gagne.
Établir des relations durables avec les patients Notre vocation est de prendre soin des gens, et ce sont nos patients qui soutiennent à la fois nos cabinets et notre profession. Le personnel, la formation et l’équipement sont tous essentiels, mais ils ne remplissent leur fonction que lorsqu’ils nous aident à établir des relations solides avec les personnes dont nous nous occupons. La confiance que nos patients nous accordent et la loyauté qui en découle sont la base de notre travail. Dans de nombreuses zones urbaines du Canada, il y a un dentiste par tranche de 1000 patients. Chaque nouveau patient qui franchit votre porte a donc probablement quitté un autre cabinet pour le faire. Et si un patient quitte votre cabinet, il se tournera probablement vers un collègue situé un peu plus loin dans la même rue. Les patients nous jugent rarement uniquement sur nos compétences techniques. La plupart ne font pas la différence entre un plombage parfaitement ajusté et un plombage passable. Mais ils remarquent si l’intervention s’est déroulée dans le confort, s’ils se sont sentis écoutés et si leurs préoccupations ont été prises au sérieux. L’expérience du patient dépend bien plus de la façon dont nous le traitons que de la précision de notre travail. Bien sûr, les compétences techniques sont importantes, surtout lorsque quelque chose ne va pas. Si une réparation se déteriore en quelques jours ou si un plombage sensibilise une dent, les patients seront mécontents. Pourtant, même dans ces moments-là, ce qui détermine la qualité de la relation dentiste/patient n’est pas la complication, mais la façon dont nous la gérons. Ignorer l’inconfort ou retarder un rendez-vous érode la confiance. Réagir rapidement, prendre ses responsabilités et montrer une préoccupation sincère rassure le patient. J’ai reçu des patients les fins de semaine, après les heures de travail ou sur ma pause du dîner parce qu’ils souffraient ou avaient des besoins urgents. C’est ce que j’attendrais de mon propre dentiste. Bien que la médecine dentaire soit souvent considérée comme une profession technique, elle est fondamentalement relationnelle. De simples gestes, comme se souvenir d’un nom ou s’enquérir d’un récent voyage, créent des liens personnels qui fidélisent les patients pendant des années. Un simple appel ou un message le lendemain d’une extraction, même s’il ne dure qu’une minute, peut faire forte impression. Et ce n’est pas seulement le dentiste qui tisse ces liens. Une équipe stable et de longue date dans votre cabinet renforce le sentiment de familiarité et de confort. Lorsque les patients sont accueillis par leur nom et dans un environnement familier, le cabinet dentaire commence à ressembler à un espace communautaire. Nous avons le privilège et la responsabilité de guider nos patients en matière de santé buccodentaire. Cette responsabilité implique de veiller à ce que chaque traitement que nous recommandons soit conçu dans l’intérêt de nos patients, et non dans le nôtre. Recommander les traitements les mieux adaptés à chaque patient renforce la relation qui est au cœur de tout ce que nous faisons. Tous les patients ne sont pas faciles à soigner. Certains ont peur du dentiste en raison d’un traumatisme, d’autres ont une personnalité mettant à l’épreuve les praticiens les plus patients. Et pourtant, surmonter ces difficultés permet souvent de gagner les plus fervents partisans, à condition de prendre le temps de traiter ces patients avec patience et compassion. La valeur qu’un seul patient apporte à vie à un cabinet peut être extraordinaire en raison de ses répercussions. Un patient qui se sent pris en charge devient un ambassadeur, envoyant sa famille et ses amis et parlant en bien de votre cabinet dans la communauté. À l’inverse, un patient qui part emporte avec lui plus que son dossier. Il peut partager son insatisfaction avec d’autres, laissant un vide dans votre horaire et une tache à votre réputation. En fin de compte, la médecine dentaire c’est se montrer humain envers d’autres êtres humains. Si nous nous concentrons sur ce que nous faisons ressentir aux gens tout autant que sur la technique, nos cabinets prospèreront grâce à la force de nos relations. Mot du président Dr Bruce Ward president@cda-adc.ca Numéro 5 | 2025| L’ADC sur le terrain 7
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Résumé du JCDA Premiers résultats du Régime canadien de soins dentaires : une politique en action Ci-dessous figure le résumé d’un article1 du JCDA publié en juillet 2025. Le JCDA est la seule revue à comité de lecture en médecine dentaire au Canada. Il s’agit d’une publication en libre accès qui comprend des articles de recherche originaux indexés dans Medline, Journal Citation Reports et Science Citation Index. L’article en entier [en anglais] se trouve à : jcda.ca/p15 Lorsque la mise en œuvre du Régime canadien de soins dentaires (RCSD) s’est amorcée progressivement grâce à un engagement du gouvernement fédéral d’environ 13 milliards de dollars, ce programme promettait d’élargir l’accès aux soins buccodentaires à des millions de personnes au pays. Un article récent du JCDA jette un regard critique sur les neuf premiers mois du programme. Il examine l’admissibilité et l’adhésion des patients sur la base des déclarations de revenus produites; l’inscription et la participation des dentistes; la capacité des cabinets à répondre à la demande accrue; et les limites des données existantes. L’étude fait ressortir la nécessité d’une évaluation continue à mesure que le programme s’étend et évolue. Contexte des soins buccodentaires Le RCSD a vu le jour à un moment où les maladies buccodentaires demeurent l’un des troubles de santé les plus courants sur Terre. La carie et la parodontite touchent des milliards de personnes dans le monde. Au Canada, 96 % des adultes ont déjà eu une carie, et plus d’une personne sur cinq est atteinte de parodontite modérée à grave. La mauvaise santé buccodentaire au pays entraîne d’importants déficits de productivité : chaque année, environ 2,2 millions de jours d’école et 4 millions de jours de travail sont perdus à cause des maladies buccodentaires. Les personnes à faible revenu, sans assurance ou en situation de handicap ainsi que les communautés négligées sont largement plus susceptibles de se passer de soins – souvent en raison des coûts – et beaucoup n’ont pas de dentiste attitré. Les obstacles financiers n’expliquent cependant qu’en partie les besoins non satisfaits. Il faut ajouter la stigmatisation, la peur, la discrimination et la méconnaissance du programme. Le programme L’admissibilité au RCSD repose sur la production d’une déclaration canadienne de revenus – une exigence qui pourrait exclure certaines des personnes que le programme tente d’atteindre. Le RCSD comporte trois niveaux de couverture (les dentistes peuvent exiger des frais supplémentaires) : La mauvaise santé buccodentaire au pays entraîne d’importants déficits de productivité : chaque année, environ 2,2 millions de jours d’école et 4 millions de jours de travail sont perdus à cause des maladies buccodentaires. Auteurs de l’article du JCDA (de gauche à droite) : Dr Mario Brondani, Dr Abbas Jessani, Dr André Luis Faria-e-Silva, Dr Diego Ardenghi. 9 Numéro 5 | 2025 |
Perspectives et points sensibles Les auteurs de l’article du JCDA voient des signes précoces de réussite : adoption rapide par les patients, notoriété croissante et forte participation des dentistes. Cependant, plusieurs défis demeurent. Le RCSD n’est pas encore connu de tous, en particulier des personnes qui en ont le plus besoin. L’obligation de produire une déclaration de revenus pourrait exclure de 10 à 12 % des personnes qui bénéficieraient le plus du RCSD. Ces personnes vivent souvent dans la pauvreté ou font partie de groupes marginalisés et sont confrontées à des obstacles tels que la langue, la méconnaissance du programme ou le manque de soutien. Faute de données adéquates sur les demandes d’indemnisation, on ignore encore l’incidence du programme sur les types de soins, les résultats en matière de santé buccodentaire et la fréquence des consultations. Le point de vue des patients sur l’abordabilité, la stigmatisation et la satisfaction n’a pas encore été évalué non plus. Aussi, les programmes de formation en médecine dentaire sont confrontés à des risques, puisque les patients trouvent des soins plus près de chez eux, ce qui réduit le nombre de visites dans les cliniques universitaires et limite la possibilité d’acquérir de l’expérience pour les étudiants. Conséquences pour la politique Les auteurs du JCDA recommandent des campagnes de sensibilisation ciblées, de l’aide pour que les demandeurs s’y retrouvent dans le programme et un suivi attentif des pratiques de facturation. Une fois que les données sur les demandes d’indemnisation seront disponibles, il faudrait les analyser pour tracer un portrait de l’utilisation, des résultats et de l’incidence sur l’équité. Des études coût-efficacité permettront de déterminer si l’investissement public apporte une valeur durable. Les auteurs insistent aussi sur l’importance de maintenir les possibilités de formation pour les étudiants en médecine dentaire grâce à des subventions et au recrutement de patients, et de suivre les variations dans l’accès entre les régions urbaines et rurales. La suite En moins d’une année, le RCSD a réussi à faire croître rapidement le nombre d’adhésions et la participation des dentistes. Cependant, sans des données complètes, il n’y a toujours pas de réponse à la question fondamentale, à savoir si le programme réduit les iniquités en matière de soins buccodentaires. z couverture complète (quote-part de 0 %) : revenu familial inférieur à 70 000 $ z quote-part de 40 % : revenu familial à 70 000 $-79 999 $ z quote-part de 60 % : revenu familial à 80 000 $-89 999 $. Les services couverts comprennent les diagnostics, les nettoyages, les soins de restauration, les services endodontiques et les prothèses dentaires, bien que certaines interventions nécessitent une autorisation préalable. Le taux de paiement du RCSD est inférieur à celui du guide des tarifs de bien des associations dentaires provinciales ou territoriales. En Colombie-Britannique, exemple cité dans l’article du JCDA, le taux du RCSD couvre environ 70 % du tarif suggéré, ce qui peut entraîner une «facturation du solde» contraignant le patient à devoir payer la différence. Le régime est administré à l’échelle fédérale par Sun Life et offert par l’intermédiaire du secteur privé. Pour soutenir la formation de futurs dentistes, Santé Canada a lancé le Fonds d’accès à la santé buccodentaire, qui offre des subventions aux facultés de médecine dentaire afin de combler les lacunes en matière de connaissances et de compétences des étudiants et d’adapter leur formation pour qu’ils aient suffisamment d’occasions de formation pratique. Données à l’heure actuelle L’article du JCDA repose sur deux principales sources : les données sommatives de Santé Canada sur le RCSD – qui suivent le nombre de demandeurs approuvés, de personnes recevant des soins et de dentistes participants – et l’Enquête auprès des fournisseurs de soins buccodentaires (EFSB) de Statistique Canada, menée au milieu de 2024 auprès de quelque 5 100 professionnels dentaires sélectionnés au hasard. L’étude porte surtout sur des données descriptives – totaux, pourcentages et moyennes – puisque les données sur les demandes d’indemnisation et la perspective des patients ne sont pas encore publiées. Entre le 31 août 2024 et le 23 mai 2025, le programme s’est considérablement élargi : z le nombre de demandes approuvées est passé de 2,3 millions à 4,075 millions (augmentation de 77,2 %) z le nombre de demandeurs qui reçoivent des soins est passé de 450000 à plus de 2 millions (augmentation de 344,6 %) z et le nombre de dentistes participants est passé de 19150 à 25668 (une augmentation de 34,0 %). À la fin de mai 2025, l’Ontario (792 689 patients) et le Québec (627 707 patients) étaient les provinces qui comptaient le plus de patients, ce qui reflète leur taille relative par rapport à la population totale du pays. L’EFSB a révélé que plus de 60 % des cabinets se déclaraient prêts à accueillir les patients supplémentaires que le RCSD allait leur amener. Ceux qui prévoyaient un agrandissement avaient le moins d’hésitation, tandis que ceux où il y avait des délais d’attente plus longs ou qui prévoyaient réduire leurs activités étaient moins enclins à vouloir accepter de nouveaux patients. Référence 1. Brondani MA, Jessani A, Faria-e-Silva AL, Ardenghi DM. Initial findings from the Canadian Dental Care Plan: policy in action. J Can Dent Assoc 2025;91:p15. Les opinions exprimées sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les vues ou les politiques officielles de l’Association dentaire canadienne. 10 | 2025 | Numéro 5 L’observatoire
Réévaluer le rince-boucheMC C’est le temps de formuler une recommandation fondée sur des données probantes Des revues systématiques, des méta-analyses, les directives en matière de pratique clinique de niveau S3 de la Fédération européenne de parodontologie et un récent rapport consensuel d’experts mondiaux appuient l’utilisation complémentaire des rince-bouche antiseptiques 1-3. Formule éprouvée en clinique enrichie d’huiles essentielles pour éliminer les germes En savoir plus 1 Traitement de la parodontite de stade I à III. Directives en matière de pratique clinique de niveau S3 de la FEP. J Clin Periodontol. Juillet 2020;47. 2 Figuero, E., Roldán, S., Serrano, J., Escribano, M., Martín, C. et Preshaw, P. M. (2020). Efficacité des traitements d’appoint chez les patients atteints d’inflammation gingivale. Une revue systématique et une méta-analyse. J Clin Periodontol 2020; 47 : 125-143. 3 Bosma, M.L., J.A. McGuire, A. DelSasso et coll. Efficacité de l’utilisation régulière de la soie dentaire et d’un rince-bouche sur la plaque et la gingivite : un essai clinique randomisé. BMC Oral Health 24, 178 (2024). https://doi.org/10.1186/s12903-024-03924-4 Toujours lire et suivre l’étiquette. © Kenvue Canada Inc. 2025
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Rôle des dentistes dans la prévention de la rougeole Le Canada est aux prises avec la plus grande éclosion de rougeole depuis l’éradication de la maladie, déclarée en 1998. Selon la Dre Marina Salvadori, principale conseillère médicale à l’Agence de la santé publique du Canada et professeure à la division des maladies infectieuses pédiatriques à l’Université McGill, plus de 4000 cas confirmés ont été signalés par les provinces. «L’éclosion a commencé en octobre 2024 quand une personne est venue de l’étranger pour assister à un mariage au NouveauBrunswick auquel se trouvait un grand nombre de convives insuffisamment vaccinés ou non vaccinés», rappelle-t-elle. La célébration, au sein d’une communauté anabaptiste très unie, serait l’épicentre de la transmission persistante. L’éclosion s’est depuis étendue à d’autres communautés insuffisamment vaccinées en Ontario, en Alberta, au Manitoba, en Saskatchewan, au Texas et dans l’État de Chihuahua au Mexique, en plus de toucher à l’occasion la population générale. La Dre Salvadori souligne que 94 % des infections se produisent chez les personnes insuffisamment vaccinées et quelque 75 % chez les moins de 18 ans. Bien que la plupart des cas soient contenus dans les communautés touchées, l’étendue de l’éclosion est sans précédent dans l’histoire moderne de la santé publique au Canada. «C’est de loin l’éclosion la plus importante que nous ayons eue dans notre vie professionnelle», déclare-t-elle. La faible couverture vaccinale au sein de certains groupes constitue le principal facteur à l’origine de l’épidémie. De grands rassemblements, comme les événements du 500e anniversaire du mouvement anabaptiste, ont mis en place les conditions idéales à la propagation. Même si l’éclosion se concentre sur des populations précises, la Dre Salvadori met en garde contre d’autres vulnérabilités démographiques, y compris les lacunes dans la vaccination habituelle des enfants qui se sont produites durant la pandémie de COVID-19 et qui n’ont pas encore été corrigées ainsi que l’hésitation vaccinale grandissante alimentée par la mésinformation, la polarisation politique et la lassitude associée à la pandémie. «Seule la vaccination peut prévenir de grandes éclosions », insiste-t-elle. Comment être utile durant une éclosion de rougeole? Les dentistes ne sont pas les premiers professionnels de la santé auxquels le public pense quand il y a éclosion d’une maladie infectieuse, mais la Dre Salvadori croit qu’ils sont pourtant bien La faible couverture vaccinale au sein de certains groupes constitue le principal facteur à l’origine de l’épidémie. De grands rassemblements ont mis en place les conditions idéales à la propagation. Dre Marina Salvadori 13 Numéro 5 | 2025 |
placés pour jouer un rôle. «Le plus important, c’est de s’assurer que toute l’équipe dentaire est immunisée contre la rougeole», explique-t-elle. La Dre Salvadori recommande que les cabinets dentaires commencent à vérifier si tous les membres de leur personnel sont immunisés contre la rougeole – les personnes nées avant 1970 doivent avoir reçu au moins une dose d’un vaccin contenant le virus de la rougeole ou avoir subi un test sanguin confirmant leur immunité (IgG positif), tandis que celles nées après 1970 doivent avoir reçu deux doses documentées ou avoir obtenu une confirmation de leur immunité. «Vous travaillez tout près de votre équipe pendant de longues périodes. La rougeole est une maladie transmissible par voie aérienne. C’est l’une des plus contagieuses que nous connaissions», dit-elle. Deux doses d’un vaccin contenant le virus de la rougeole sont presque parfaitement efficaces pour prévenir cette maladie. La Dre Salvadori encourage les dentistes à contacter directement les services de santé publique locaux en cas de suspicion de rougeole, parce que ces équipes peuvent offrir des conseils et un soutien immédiats adaptés à chaque situation. Plus de 90 % des personnes non immunisées qui sont exposées au virus seront infectées. Ce virus peut se propager avant que l’éruption caractéristique apparaisse, ce qui signifie qu’une personne peut le transmettre avant même de savoir qu’elle a la rougeole. Défendre la vaccination La Dre Salvadori suggère d’autres moyens pratiques que les dentistes peuvent envisager, comme afficher de l’information sur la vaccination dans la salle d’attente, demander aux nouveaux patients leur statut vaccinal, et exprimer leurs propres convictions sur les avantages de la vaccination. Lorsqu’elle aborde la question de la désinformation, elle prévient d’éviter de formuler des réfutations catégoriques parce que « cela peut en réalité polariser davantage les opinions ». Elle recommande plutôt de commencer par une question ouverte, telle que « Ditesmoi ce qui vous inquiète le plus », et de répondre directement à ces préoccupations. Les dentistes peuvent également orienter leurs patients vers des médecins ou des cliniques spécialisées dans la réticence à la vaccination. La Dre Salvadori recommande plusieurs sources fiables pour aider les dentistes à se garder à jour et à réagir efficacement en cas d’épidémie. Le Guide canadien d’immunisation, publié par l’Agence de la santé publique du Canada, fournit de l’information exhaustive sur les vaccins et les algorithmes d’immunisation. Les dentistes pourraient aussi consulter régulièrement des sites Web provinciaux et locaux consacrés à la santé publique et s’abonner à leur bulletin d’information pour obtenir les dernières nouvelles et des conseils. Enfin, elle encourage les dentistes à contacter directement les services de santé publique locaux en cas de suspicion de rougeole, parce que ces équipes peuvent offrir des conseils et un soutien immédiats adaptés à chaque situation. La Dre Salvadori croit que les cabinets dentaires constituent un milieu à haut risque pour la transmission de la rougeole, et que tout cas suspect doit être immédiatement signalé au service de santé publique local. «Le personnel de ce service a établi des relations solides avec les communautés touchées et fait un excellent travail avec elles», souligne-t-elle. En conclusion, elle souhaite adresser le message suivant aux dentistes : une parole subtile d’un dentiste à un patient sur l’efficacité des vaccins et leur importance pour la santé publique à long terme peut faire la différence. Elle conseille aussi de faire du dépistage auprès des patients, de reporter les rendez-vous non urgents de toute personne soupçonnée d’avoir la rougeole et, dans les cas urgents, de s’arrimer sur les algorithmes de prévention des infections des hôpitaux, y compris utiliser des salles de traitement à pression négative, si possible. Les dentistes peuvent également surveiller l’activité épidémique locale en s’abonnant aux mises à jour de la santé publique, en particulier dans les régions à haut risque. La Dre Salvadori suggère aussi que les dentistes envisagent de rétablir les mesures de protection qui étaient en place durant la pandémie de COVID-19. «À part la vaccination, la seule façon de se protéger consiste à porter un masque N95 et à assurer une bonne circulation de l’air », observe-t-elle. Au-delà des premiers symptômes habituels – fièvre, toux, écoulement nasal et conjonctivite – les dentistes peuvent vérifier la présence de taches de Koplik. «Il s’agit de petits points blancs sur la muqueuse buccale qui apparaissent deux ou trois jours avant l’éruption», explique la Dre Salvadori. Ces tâches sont caractéristiques ou indicatives de la rougeole et sont plus susceptibles d’être remarquées par les dentistes que par les médecins. Quiconque contracte la rougeole peut avoir des complications, mais certaines personnes sont plus susceptibles d’être gravement malades. Il s’agit des enfants de moins de 5 ans – surtout les poupons qui sont trop jeunes pour avoir été vaccinés – les femmes enceintes et les personnes ayant un système immunitaire affaibli. Les opinions exprimées sont celles de l’auteure et ne reflètent pas nécessairement les vues et politiques officielles de l’Association dentaire canadienne. Regardez l’entrevue avec la Dre Marina Salvadori sur la rougeole sur CDA Oasis : bit.ly/4ntP8sc [en anglais] 14 | 2025 | Numéro 5 L’observatoire
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EN BREF Le 22 août 2025, le président de l’ADC, le Dr Bruce Ward, a publié un article dans National Newswatch [en anglais] au sujet du Régime canadien de soins dentaires (RCSD). Le RCSD représente un investissement fédéral considérable dans la couverture dentaire publique, mais plusieurs défis demeurent, tels que les retards de traitement, les problèmes administratifs et les exigences d’autorisation préalable qui peuvent ralentir ou même empêcher certains soins pour les patients. Le Dr Ward a souligné le risque que représente la réduction des prestations dentaires privées par les employeurs et a également mentionné les défis en matière de ressources humaines signalés par les professionnels dentaires. Poursuivez votre lecture pour découvrir les recommandations formulées par l’ADC afin d’améliorer le RCSD et de garantir qu’il devienne un pilier durable du système national de santé. Ces recommandations comprennent les demandes de l’ADC au gouvernement fédéral, à savoir : Un régime qui donne la priorité aux patients doit encore être amélioré • Rationaliser les autorisations préalables et le traitement des demandes de remboursement afin de réduire les délais; • Protéger les avantages privés existants grâce à des mesures de protection politiques; • Investir dans la formation et le recrutement de la maind’œuvre, en particulier pour les assitantes dentaires et les hygiénistes dentaires; • Soutenir les facultés de médecine dentaire afin de garantir que les étudiants puissent terminer leur formation. Dans le cadre des efforts de l’ADC pour s’assurer que tous les cabinets dentaires utilisant CDAnet/ITRANS aient accès aux dernières fonctionnalités, ITRANS v.1 sera officiellement retiré le 30 juin 2026. ITRANS est le service sécurisé de l’ADC permettant aux cabinets dentaires de présenter des demandes de règlement d’assurance via leur logiciel de gestion de la pratique. Depuis son adoption en 2004, le système a beaucoup évolué. En 2019, ITRANS 2.0 a offert un niveau de service supérieur et des fonctionnalités supplémentaires, telles que : • Performance plus fluide : ITRANS 2.0 accélère les transactions et est moins sujet aux ralentissements de traitement. • Mises à jour automatiques : Votre logiciel reste harmonisé avec les plus récentes options de demande de règlement : aucune mise à jour manuelle n’est requise. (Disponible dans le cas d’une mise en œuvre par le logiciel du cabinet dentaire.) • Renouvellement automatique des codes d’identification électronique de l’ADC : Le renouvellement automatique de votre code d’identification électronique de l’ADC se fait sans intervention manuelle, ce qui fait gagner du temps et élimine les tracas administratifs. La version originale d’ITRANS sera retirée en juin 2026 • Configuration simplifiée : ITRANS 2.0 s’installe rapidement ce qui réduit au minimum les temps d’arrêt et assure une transition harmonieuse pour les cabinets dentaires. • Accès rapide : L’application d’aide à la pratique de l’ADC comprend l’outil d’installation pour les nouveaux codes d’identification électronique et un accès rapide au site Web des Services d’aide à la pratique de l’ADC. (services.cda-adc.ca) ITRANS 2.0 assure un traitement fluide, sécurisé et efficace des remboursements pour votre cabinet. Si vous utilisez ITRANS v.1, contactez votre fournisseur de logiciels pour demander une mise à jour vers ITRANS 2.0 avant le 30 juin 2026 pour éviter toute interruption de service. Des instructions pour déterminer si votre cabinet utilise ITRANS v.1 ou ITRANS 2.0 sont disponibles ici : bit.ly/468gLBs Pour toutes questions, veuillez contacter votre fournisseur de logiciels ou le service d’assistance de l’ADC au 1-866-788-1212 ou à l’adresse support@goitrans.com Lire : bit.ly/4mpwPDI 17 Numéro 5 | 2025 |
Aller aux nouvelles de la communauté de soins buccodentaires au Canada : Le Réseau canadien de recherche en santé buccodentaire (RCRSB) Nous avons discuté avec la directrice du RCRSB, la Dre Ana Velly, et des membres du comité exécutif de l’organisme pour en savoir davantage sur leur travail. La Dre Ana Velly est directrice du RCRSB, professeure agrégée à la Faculté de médecine des services de la santé de l’Université McGill, et directrice de la recherche au Service de médecine dentaire de l’Hôpital général juif SMBD. Les collaborateurs comprennent aussi les membres du comité exécutif du RCRSB, soit les Drs Maryam Amin, Laurent Bozec, Abbas Ali Jessani et Petros Papagerakis. Q. Qu’est-ce que le RCRSB et, en gros, à quoi sert-il? Depuis 2012, le Réseau canadien de recherche en santé buccodentaire (RCRSB) a réuni des personnes qui ont à cœur la santé buccodentaire – des patients, des chercheurs, de membres de la profession dentaire, des formateurs, des étudiants, des spécialistes du secteur et des stratèges politiques. Ce réseau pancanadien aide à diffuser les connaissances, à stimuler l’innovation, et à améliorer la santé buccodentaire et le bien-être général pour la population du Canada et au-delà. Notre plan stratégique actuel vise à inspirer et à soutenir la prochaine génération de chefs de file en santé buccodentaire – les chercheurs, les cliniciens tout autant que les étudiants. Nous mettons l’accent sur les nouvelles idées, le travail d’équipe et la construction d’un avenir meilleur grâce à l’innovation. Nous travaillons à : z Développer les talents en veillant à ce que la formation soit utile et enrichissante; z Bâtir des équipes solides en mettant en relation des personnes aux horizons divers; z Partager les connaissances dans de nouveaux domaines prometteurs de la science et de la technologie pour améliorer la santé buccodentaire. En investissant dans les gens, les partenariats et les grandes idées, nous aspirons à de véritables changements en matière de santé buccodentaire et de santé globale partout au Canada. Le réseau bénéficie du soutien des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). 18 | 2025 | Numéro 5
Au cœur de nos efforts se trouvent nos dix groupes de travail dévoués et notre Conseil consultatif des citoyens pour l’avancement de la santé buccodentaire. Ces groupes apportent des connaissances, des conseils et des avis précieux issus de la communauté afin de nous guider et de nous aider dans tous nos efforts. Q. Expliquez-nous ce que fait le RCRSB à la base. Nous voulons aider notre communauté de recherche à se développer grâce à la formation, la recherche et le partage des connaissances. À cette fin, nous proposons divers programmes pour stimuler la curiosité, enrichir les compétences et transformer les idées en actions. Qu’il s’agisse de courts stages de formation, de prix de recherche étudiante, de groupes de recherche menés par des étudiants, des stages de recherche d’été, de financement d’amorçage ou d’ateliers de consolidation d’équipe, notre objectif consiste à faciliter la transition des découvertes en santé buccodentaire et en santé globale depuis le monde de la recherche vers des applications concrètes. Depuis ses débuts, le RCRSB a appuyé : z 166 prix de recherche étudiante; z 29 projets de recherche à un stade initial (amorçage); z 14 ateliers de consolidation d’équipe; z 5 ateliers menés par des étudiants; z 1 atelier sur la technologie et le transfert de connaissances; z 1 atelier sur la formation de stagiaires et le transfert de connaissances; z 8 stages de recherche d’été. Chaque année, nous investissons dans ces programmes en fournissant du financement qui sert directement à soutenir la communautaire de recherche en santé buccodentaire du Canada. Q. Comment le RCRSB contribue-t-il à la profession dentaire et à la santé buccodentaire au Canada? Nous savons que les grandes idées prennent vie quand des gens de divers domaines travaillent ensemble. Pour cette raison, les initiatives du RCRSB mettent l’accent sur l’établissement de liens de collaboration solides entre chercheurs, membres de la profession dentaire, médecins, spécialistes de la santé publique et stratèges politiques. En associant leur perspective et leurs compétences, ces personnes font avancer la santé buccodentaire et la santé globale. Ces partenariats permettent de découvrir d’importants liens entre la santé buccodentaire et la santé globale, ce qui mène à l’élaboration de traitements efficaces et de façons intelligentes de prévenir la maladie. Ils mettent aussi à profit les nouvelles technologies pour transformer les soins tout en dégageant les obstacles qui empêchent des personnes d’avoir accès aux soins buccodentaires dont elles ont besoin. Mais même les meilleures idées ont besoin d’un petit coup de pouce au départ. Et, ça, c’est le rôle du RCRSB. En offrant du soutien, des ressources et un solide réseau, nous aidons les chercheurs en santé buccodentaire à amorcer leurs travaux de recherche et à transformer les innovations en solutions tangibles. Et nous avons joué un rôle névralgique dans la création de la Statégie nationale de recherche en santé buccodentaire de 2024-2030, qui est un plan avant-gardiste pour améliorer la santé buccodentaire à l’échelle du pays. Cette stratégie a été lancée au Sommet canadien sur la santé buccodentaire, qui a eu lieu à Halifax, en Nouvelle-Écosse, en juin 2024, et répond à l’appel en ce sens lancé à tous les pays par l’Organisation mondiale de la santé. Q. Quels sont les projets du RCRSB? Nous vivons une période de croissance très intéressante. Nous lancerons deux programmes de formation : Programme de stage de formation de courte durée de l’Association des facultés dentaires du Canada et du RCRSB et CATAPULT – l’Académie canadienne de santé buccodentaire pour la formation virtuelle. Ces programmes sont conçus pour dynamiser la formation à la recherche en donnant aux étudiants et aux professeurs un accès direct aux dernières avancées de la recherche et de la formation en santé buccodentaire. Le contenu évolue continuellement et est mis à jour régulièrement pour refléter les nouvelles données scientifiques, les technologies de pointe et les priorités émergentes en matière de santé. Nous étendons aussi notre influence grâce à une série croissante de thèmes de recherche stratégiques. Ceux-ci portent sur de grandes questions : comment la santé buccodentaire est-elle liée à la santé globale, comment les traitements fonctionnent-ils dans la réalité, pourquoi certaines personnes rencontrent-elles plus d’obstacles que d’autres pour accéder aux soins, et comment rendre les soins dentaires équitables et accessibles. Nous nous penchons aussi sur l’avenir de la science grâce à des approches «omiques», soit des outils évolués qui explorent la composition moléculaire des systèmes biologiques pour dégager de précieuses informations sur la santé. Nous formons la prochaine génération de chercheurs, de professionnels de la santé et de chefs de file, tout en mettant de l’avant des idées audacieuses et des partenariats solides. En savoir plus sur le RCRSB à : ncohr-rcrsb.ca 19 Numéro 5 | 2025 | L’observatoire
Une initiative de Halifax pour les enfants ayant des besoins particuliers Un projet de recherche universitaire s’est transformé en une initiative ayant une incidence concrète sur la vie des enfants en situation de handicap – et sur leur famille – partout au Canada atlantique. Sous la houlette de la Dre Jenna McNutt, nouvelle diplômée en médecine dentaire, et de la Dre Tracy Doyle, dentiste pédiatrique, le programme veille à ce que les enfants pour qui l’hygiène dentaire présente des difficultés au quotidien puissent profiter de soins buccodentaires personnalisés. Cette initiative a vu le jour lorsque la Dre McNutt était aux études à l’Université Dalhousie. «On nous avait donné un projet de recherche pour lequel on devait travailler avec un mentor», explique-t-elle, en précisant que l’intérêt qu’elle portait aux personnes en situation de handicap a orienté son projet. Sous la supervision de la Dre Doyle, elle s’est mise à chercher des produits adaptés qui pourraient faciliter l’hygiène dentaire à la maison. «Nous avons trouvé des outils supérieurement utiles, souligne-t-elle. Nous avons ensuite réussi à obtenir des fonds pour préparer des trousses pour les patients dans le besoin, ce qui était incroyable.» 20 | 2025 | Numéro 5
Application des connaissances Pour la Dre Doyle, l’expérience a représenté un moment fort dans la mise en application de connaissances académiques. « C’était mon meilleur exemple d’application de connaissances, insiste-t-elle. Au lieu de travailler sur un article dans une revue savante, nous avons cherché à obtenir du financement pour concrétiser ce projet. Le résultat a été beaucoup plus tangible et significatif ». Au Centre IWK Health, plus grand hôpital pour enfants du Canada atlantique, la Dre Doyle voit une large population d’enfants ayant un trouble intellectuel ou du développement. S’occuper de l’hygiène buccodentaire de ces enfants est souvent difficile à la maison. « Je reçois constamment des appels et des courriels de parents et d’aidants qui me demandent comment s’y prendre, déclare la Dre Doyle. Nombre de ces enfants ont des sensibilités gustatives, des aversions buccales ou ne veulent pas du tout coopérer pour le brossage des dents. C’est une bataille quotidienne que doivent livrer les parents. » Des fonds du Centre IWK Health et de la Fondation caritative Thistledown ont permis d’acheter le matériel pour garnir les trousses. Des outils adaptés qui fonctionnent Parmi les outils de santé buccodentaire adaptés les plus efficaces, il y a les brosses à dents à trois faces qui nettoient simultanément plusieurs surfaces des dents, le dentifrice au fluorure non aromatisé qui réduit l’inconfort sensoriel, et un produit innovant pour passer la soie dentaire appelé «GumChucks» qui ressemble à de minuscules nunchakus et améliore la dextérité. La Dre McNutt a trouvé ce dernier outil particulièrement intéressant. « C’est probablement la découverte que j’ai préférée, confie-t-elle. Cet outil facilite l’utilisation de la soie dentaire et rend la tâche plus amusante, en particulier pour les personnes qui ont de la difficulté avec la dextérité manuelle. » La Dre Doyle confirme que les GumChucks sortaient du lot. « Pour certaines personnes, l’utilisation traditionnelle de la soie dentaire est presque impossible, note-t-elle. Même l’utilisation d’un porte-fil dentaire peut être difficile. Ils sont particulièrement utiles pour les zones postérieures de la bouche qui sont difficiles à atteindre. » Au carrefour de la sensibilisation et de l’autonomisation Chaque trousse est adaptée aux besoins de l’enfant et comprend plus que des produits novateurs. La Dre McNutt a aussi conçu un dépliant coloré contenant des instructions sur la façon de positionner l’enfant ainsi que des conseils sur la fréquence des soins, l’alimentation en général et l’hygiène. « Il y a un petit sablier pour encourager le brossage des dents pendant deux minutes, des conseils sur la consommation d’eau fluorurée et des recommandations générales en matière d’alimentation, explique-t-elle. Nous voulions à la fois fournir des outils et de l’information. » Il était évident que les aidants cherchent activement de l’information et du soutien, précise la Dre McNutt. Mais souvent, ils ne peuvent pas mettre en œuvre les conseils reçus parce qu’ils n’ont pas les outils nécessaires ou ne savent pas comment s’y prendre efficacement. Recherche des besoins La Dre Doyle a demandé à la Dre McNutt de trouver les outils et les ressources qui pourraient faciliter les soins à la maison et en accroître l’efficacité. Ensemble, elles ont mené un sondage auprès des membres de l’Académie canadienne de dentisterie pédiatrique (ACDP) et de la Société canadienne pour le handicap et la santé buccodentaire (SCHSB), réalisé une étude de marché, et consulté des blogues et des forums d’aidants pour trouver des produits novateurs. Même si le taux de réponse au sondage a été modeste, les données sont éloquentes. «Il était évident que les aidants cherchent activement de l’information et du soutien, précise la Dre McNutt. Mais souvent, ils ne peuvent pas mettre en œuvre les conseils reçus parce qu’ils n’ont pas les outils nécessaires ou ne savent pas comment s’y prendre efficacement. Nous avons appris qu’il ne suffit pas de dire aux parents quoi faire. Il faut leur montrer et les outiller.» Brosse à dents à trois côtés qui nettoie simultanément plusieurs surfaces de la dent. 21 Numéro 5 | 2025 | Point de mire
formidable pour que les personnes handicapées aient accès à des soins buccodentaires équitables. Nous encourageons les professionnels de la médecine dentaire et les aidants à unir leurs forces. Nous proposons des séminaires en ligne, nous collaborons avec des partenaires de partout au monde et nous menons des actions de sensibilisation pour que les populations vulnérables ne soient pas négligées.» À l’Université Dalhousie, ces actions ciblent même la population étudiante. La section étudiante de la SCHSB de l’Université, dont la Dre McNutt a été l’une des premières membres, s’est forgé une solide réputation en matière de mobilisation. «Nous avons continué à travailler avec des établissements comme la Prescott House et, en octobre de chaque année, nous tenons l’événement Athlètes en santé à la Faculté de médecine dentaire de l’Université, explique la Dre Doyle. Cette année, nous avons même inclus de l’aide pour la santé des femmes. C’est une première pour les Jeux olympiques spéciaux.» Alors que la Dre McNutt entame sa carrière de dentiste au Nouveau-Brunswick, son projet universitaire continue d’avoir une portée retentissante. «Je cherchais un moyen d’aider les gens, et c’est incroyable de voir jusqu’où ce projet est allé», s’exclame-t-elle. Pour la Dre Doyle, le travail est loin d’être terminé. «Nous dressons une liste de familles intéressées, nous travaillons à des actions de sensibilisation et nous essayons de faire en sorte que ces trousses parviennent aux personnes qui en ont besoin, signale‑t-elle. Lorsque nous donnons aux parents les bons outils et les bonnes connaissances, nous donnons aux enfants les moyens de s’épanouir et de vivre une vie saine.» Demande écrasante Après que la CBC a publié un article sur les trousses, la demande a explosé. «Le jour où mon entrevue a été diffusée à la CBC, les appels ont commencé à affluer, se rappelle la Dre Doyle. Nous avons reçu des appels de partout en Nouvelle-Écosse et d’ailleurs.» Bien que l’équipe ait dû limiter la distribution à cause de contraintes budgétaires, elle s’efforce d’obtenir un financement plus durable pour que l’initiative puisse se poursuivre. Actuellement, les trousses sont distribuées aux patients du Centre IWK et par l’organisme Autism Nova Scotia, qui a reçu la moitié des trousses financées. L’équipe a aussi noté que d’autres groupes démographiques étaient intéressés par ces trousses. «Une de mes amies a vu l’entrevue à la CBC et a commandé des brosses à dents à trois faces pour son père, qui est atteint de démence, raconte la Dre Doyle. Ça nous rappelle que ces outils ont des applications qui dépassent la pédiatrie.» La Dre McNutt reconnaît aussi qu’il peut y avoir des applications plus variées. «Nous nous sommes concentrées sur les enfants ayant un trouble du développement ou un handicap intellectuel, mais nombre de ces produits seraient utiles pour les patients âgés ou toute personne ayant des troubles de dextérité», convient-elle. Sensibilisation, inclusion et diffusion d’information Le projet s’inscrit dans le cadre des efforts de sensibilisation menés par la Dre Doyle. En tant que directrice clinique du programme Special Smiles des Jeux olympiques spéciaux du Canada, elle déploie des efforts pour arriver à remettre des outils de santé buccodentaire adaptés aux athlètes en situation de handicap. «Nous souhaitons que certains de ces produits soient offerts lors des prochains jeux provinciaux», espère-t-elle. La Dre Doyle s’investit aussi grandement auprès de la SCHSB, un organisme allié de l’ADC. «La SCHSB fait un travail Un dépliant coloré contient des instructions sur le placement, la fréquence et des conseils généraux en matière d’alimentation et d’hygiène pour les enfants ayant des besoins particuliers. Pour tout savoir sur la Société canadienne pour le handicap et la santé buccodentaire : www.csdh.ca [site anglais] Consultez les outils et les ressources de l’ADC au sujet des soins dentaires des personnes ayant des besoins particuliers : bit.ly/4lpOV90 La Dre Jenna McNutt a obtenu son diplôme de la faculté de médecine dentaire de l’Université Dalhousie en 2024. Elle a été présidente de la section locale de la Société canadienne pour les personnes handicapées et la santé buccodentaire. La Dre Tracy Doyle est professeure adjointe et cheffe du Département de médecine dentaire pédiatrique à la Faculté de médecine dentaire de l’Université Dalhousie. Elle a reçu la distinction de l’ADC pour la promotion de la santé buccodentaire en 2019. 22 | 2025 | Numéro 5 Point de mire
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