L’essentiel de l’ADC • Volume 4 • Numéro 6

26 | 2017 | Numéro 6 P oint de mire Pourquoi les dentistes doivent-ils se soucier des MCP? Les MCP sont préoccupants surtout en raison de leur omniprésence. Les dentistes croiseront inévitablement des patients qui en utilisent. Il faut donc se demander si les médicaments employés en médecine dentaire peuvent interagir avec certains médicaments naturels sur le marché. À mon avis, on croit à tort que les grandes compagnies pharmaceutiques créent des produits trop chers pour leur valeur et que les nutraceutiques constituent des produits de rechange naturels à un prix plus avantageux pour le patient. Cette idée doit être corrigée parce que bon nombre de personnes ne se rendent pas comptent que les MCP varient considérablement d’un lot à l’autre puisqu’il n’y a pas de réglementation et que le client n’en a pas nécessairement pour son argent. Certains médicaments naturels posent-ils particulièrement problème pour les dentistes? Prenons les principales catégories de médicaments utilisés ou prescrits par les dentistes : les antibiotiques, les analgésiques ou les anesthésiques locaux, les médicaments de la trousse d’urgence et les sédatifs dans le cas des patients craignant fortement le dentiste. Il peut y avoir des interactions entre les antibiotiques utilisés en médecine dentaire et certains médicaments naturels. Il y a une forte interaction entre l’amoxicilline et l’acacia par exemple. L’acacia diminue l’absorption, et par conséquent l’efficacité, de l’amoxicilline. Quand vient le temps d’administrer un sédatif à un patient, il faut s’assurer que celui-ci ne prend pas de millepertuis commun ou de valériane parce que ces produits peuvent avoir une interaction synergique avec le sédatif et entraîner une sédation plus profonde que celle visée. Il faut aussi surveiller les personnes atteintes d’un trouble cardiaque. Si un patient prend un anticoagulant ou un agent antiplaquettaire ou si vous pensez qu’il présente un risque de saignement postopératoire, vous devez vous méfier des médicaments naturels commençant par la lettre G en anglais : ginseng, ginkgo, garlic (ail), green tea (thé vert). Tous ces produits peuvent nuire à l’hémostase. Comment un dentiste peut-il pallier ces risques? La recherche a montré que très peu de médicaments naturels ont un effet positif important sur le bien-être des patients ou sur l’issue du traitement d’une maladie. Alors, si vous soupçonnez une interaction éventuelle, il vaut nettement mieux pour le patient de cesser de prendre un médicament naturel au moins 24 heures avant une intervention dentaire. Si le patient s’engage à le faire, vous pouvez presque toujours faire l’opération en utilisant les procédures et produits pharmaceutiques qui à votre connaissance fonctionneront le mieux. Quelles ressources peuvent guider les décisions cliniques? Il faut vous fonder sur des données probantes et impartiales. Il s’agit d’un champ très dynamique, ce qui fait que j’hésite à suggérer un manuel imprimé puisque l’information évolue trop rapidement. La ressource que je connais le mieux est la Natural Medicines Comprehensive Database (naturaldatabase.therapeuticresearch.com) . Il est facile de naviguer dans cette banque de données, qui a l’approbation de la Pharmacopée américaine. À partir de toutes les données publiées – même celles de bas niveau –, cette banque évalue la probabilité que n’importe quel MCP soit lié à une interaction médicamenteuse. Le site Web utilise un système de « feux de circulation » qui permet de poser un jugement sur la situation : un feu vert signifie qu’il n’y a pas d’interaction potentielle, un feu jaune que vous devriez vous renseigner davantage et surveiller de près la situation, et un feu rouge qu’il y a une interaction probable et qu’il faut éviter l’association médicamenteuse en question. Vous pouvez y faire une vérification rapide au sujet des médicaments que vous prescrivez ou que vous ajoutez à un médicament naturel que peut déjà prendre le patient. Cet outil est facile à utiliser dans votre cabinet. Il y a aussi d’autres sites Web dignes de foi, comme celui de la Guilde américaine des herboristes, de la Fondation de la recherche en herboristerie, des Instituts nationaux de la santé et de l’Office des compléments alimentaires. Toutes ces sources constituent un excellent point de départ. a Letexteci-dessusestuncondenséde l’entrevue. Lesopinionsexpriméessontcellesde la personne interviewéeetnereflètentpas nécessairement lesopinionsoupolitiques officiellesde l’Associationdentaire canadienne. L’entrevue complète avec le Dr Mark Donaldson se trouve à oasisdiscussions.ca/ 2017/02/02/hdi [en anglais]

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