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Vol. 72, Nº 3
 
ISSN: 1488-2167
 
Avril 2006

 

Preuve convaincante que le formocrésol utilisé en dentisterie pédiatrique est sans danger

TEXTE INTÉGRAL

• Alan R. Milnes, DDS, PhD, FRCD(C) •

S o m m a i r e

Casas et coll.1 ont mis en doute l'innocuité du formocrésol tel qu'utilisé lors des pulpotomies pédiatriques, parce que le formaldéhyde qu'il contient pourrait provoquer des effets toxiques à des sites éloignés, notamment la génotoxicité, l'immunotoxicité et le cancer. Cependant, cet argument est basé sur des preuves qui ont été soit mal interprétées soit remplacées par des données scientifiques plus solides. En outre, cet argument est biologiquement improbable sur la base des preuves actuelles.

Le formaldéhyde est un composé biologique que l'on trouve naturellement dans les tissus mammifères, les cellules et les liquides organiques. Beaucoup de produits en contiennent ou en dégagent, notamment les antiseptiques, le détergent à vaisselle, l'assouplissant, les produits de nettoyage pour tapis, le vernis à ongles, le durcisseur à ongles, les produits de papier, les adhésifs, la peinture au latex, les plastiques, les tissus infroissables et différents produits ligneux.

Chez les rats, les singes et les humains, la concentration endogène normale de formaldéhyde dans le sang est d'environ 0,1 mmol/l (2,70 μg/g), et ces taux ne sont pas affectés par l'exposition externe au formaldéhyde. De nombreuses études scientifiques ont démontré que le formaldéhyde inhalé ou ingéré se métabolise rapidement, et que l'atome de carbone est rapidement incorporé aux macromolécules réparties dans tout l'organisme. Les déshydrogénases glutathiono-dépendantes et glutathiono-indépendantes catalysent l'oxydation de formaldéhyde dans les muqueuses nasales et buccales, les hépatocytes et les érythrocytes, lesquels sont les principales voies de détoxification.

Génotoxicité : De nombreuses études ont démontré que le formaldéhyde est génotoxique ou mutagène pour les tissus mammifères, mais seulement à la suite d'une exposition prolongée à des zones de contact précises comme le nasopharynx. Rien ne prouve que la quantité de microgrammes de formaldéhyde appliquée au tissu pulpaire pédiatrique pendant quelques minutes causera une toxicité à des sites éloignés. Des anomalies cytogénétiques, comme les liens transversaux entre les protéines de l'ADN, les aberrations chromosomiques, les échanges de chromatides soeurs ou nucléées, n'ont pas été relevées dans la moelle osseuse de rats normaux exposés au formaldéhyde marqué d'hydrogène radioactif [3H] ou de carbone [14C] à des concentrations aussi élevées que 15 parties par million (ppm); dans la moelle osseuse des rats carencés en glutation (inhibitée sur le plan métabolique) exposés au formaldéhyde [3H] et au formaldéhyde [14C] à des concentrations aussi élevées que 10 ppm; et dans la moelle osseuse des singes Rhésus exposés au formaldéhyde [14C] à des concentrations aussi élevées que 6 ppm. Aucune anomalie cytogénétique n'a été observée dans les lymphocytes circulants obtenus des enfants ayant subi au moins une pulpotomie au formocrésol ou dans les lymphocytes des rats exposés à des concentrations de formaldéhyde aussi élévées que 15 ppm pendant 5 jours.

Immunotoxicité : Une sensibilisation immunitaire à la suite de la pulpotomie au formocrésol a été observée chez les chiens, mais lors d'une étude menée auprès de 128 enfants ayant subi une pulpotomie au formocrésol, il n'y a pas eu d'augmentation de la réaction immunitaire ou de réactions allergiques.

Cancérogénicité : Le formaldéhyde cause l'apparition d'un carcinome spinocellulaire nasal chez les rongeurs exposés à long terme à une concentration minimale de 6 ppm. Par contre, cette concentration représente plus de 1000 fois les expositions ambiantes typiques pour les humains et 8 fois la limite d'exposition professionnelle maximale établie par l'Occupational Safety and Health Administration des États-Unis. À partir de 7 biodosages par inhalation à long terme et de 3 études portant sur des rats, des souris et des hamsters par l'intermédiaire de l'eau potable ou à partir de 3 enquêtes épidémiologiques à long terme menées auprès de travailleurs industriels exposés au formaldéhyde dans le cadre de leur travail, la preuve n'a pu être faite que cette substance peut causer le cancer à des sites éloignés. Toute preuve soutenant que le formaldéhyde cause le cancer à des sites éloignés doit être considérée comme inconséquente pour plusieurs raisons : non-reproduisibilité, rapports inadéquats sur les méthodes expérimentales ou sensibilité analytique insuffisante.

Conclusions : L'abondance de preuves négatives démontre fortement qu'il n'y a pas de transport de formaldéhyde inhalé, ingéré ou appliqué localement à des sites éloignés. Alliés au fait que le formaldéhyde se trouve naturellement dans tout l'organisme et que seulement quelques microgrammes de formaldéhyde sont appliqués pendant de très courtes périodes sur le tissu pulpaire lors de la pulpotomie, ces résultats négatifs constituent une preuve convaincante que l'exposition des enfants à l'élément formaldéhyde du formocrésol lors de la pulpotomie est à la fois sans conséquence et sans danger.

 


 
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